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 Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2

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MessageSujet: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyDim 6 Nov 2011 - 14:40

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 88091 J'ai été à un salon de timbres, monnaies et... cartes postales. Décevant pour les cartes postales mais j'ai trouvé un lot intéressant que j'aime bien. Plus de 200 lettre d'un lieutemant canandien français de la WW2 avec son épouse. Intéressant car en étant "instruit" (ce qui est rare pour les canadien français de cette généraition qui était encore majoritairement des travailleurs de chantier et agricole comme mon grand-père est sa 3ème année d'école)il a eu une correspondance quotidenne avec son épouse de 1944 à 45. Des lettres écrites sur le papier standard militaire, engagé en juillet 44 (conscrit?). En gros, Traversé en janvier 45 et présent pour les derniers jours de la guerre d'Europe. Stationné en Hollande et retour au pays probablement au début 1946 car je crois qu'il me manque des lettres. Je verrai...car sa conjointe a numéroté toutes ses lettres. Certaines lettres ont été censurées ce qui avait trait à des mouvements de troupes ou le nom de certains gradés. Belle lecture en perpective et voyage dans le temps asssuré afin de redonner la parole aux acteurs annonymes de cette guerre.

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Img_3710


Dernière édition par CWAC le Jeu 9 Aoû 2012 - 15:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptySam 12 Nov 2011 - 20:07

Alors, la lecture avance?

A chaque fois que je tiens une lettre d'un soldat je me dis que j'ai entre mes mains quelques minutes de sa vie. J'apprend ce qu'il ressent, ce qu'il pense. Je trouve que l'on devient un sorte de voyeur, comme un public pendant une représentation théâtrale

Sinon comme cartes postales tu recherches quoi?

Salutations
David
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMar 22 Nov 2011 - 4:00

J'en suis à mes premiers pas pour les carte postales: J'en ai des canadiennes avec correspondance au verso, c'est ce que je recherche. Et j'ai eu un coup de coeur pour les allemandes impériales en couleurs, avec écrits et tampons à l'arrière toujours ce que je recherche.
Pour la lecture, j'ai classé les lettres par mois.... il me reste à les mettre par jour. La conjointe du soldat les a toutes numérotées. Le monsieur qui me les a vendues les a acheté en trois lots qu'il a réunis. Peut être qu'avec la numérotation de pourrai savoir si il en manque beaucoup.
En lecture diagonale et je m'habitue à sa calligraphie, peux dire :
I love you que sa femme a eu un garçon pendant qu'il était au front,
drunken qu'il fait mention du jour J pendant qu'il était au camp d'entrainement,
Question que dans certaines lettres il ne peut mentionner la date d'envoi à la demande des autorités,
Shocked que certaines ont été censurées et elles ont presque toutes le cachet du censeur.
clown qu'elles ont été écrites sur du papier à lettre militaire avec de très beaux filigranes et que l'envoi était gratuit seulement pendant le mois de décembre... le reste au frais du soldat.
sunny qu'il y a eu plus d'un correspondant exculant le mari, soit un frère et un confrère du soldat et que grâce à cela j'ai peu avoir le prénom et nom de fille de la conjointe.
Sad que certains de ses frères d'arme sont mort au combat
Surprised qu'il a fait la guerre aux Pays Bas et y est resté un certain temps
cyclops que la dernière lettre de décembre 1945 ne fait pas mention d'un retour prochain au pays

Si je lis quelque chose de signifcatif j'en ferai mention, mais j'ai bien hâte de m'y mettre vraiement, même si je crois qu'elles feront référence à des sujets généraux, familiaux. Après tout ce sont des lettres qui passaient entre les mains des censeurs et que ce n'est pas un journal intime.



[strike]
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMar 22 Nov 2011 - 9:27

Ok,

pour les cartes postales je collectionne aussi tout ce qui concerne propagande, militaire..., si cela t'intéresse j'effectue essentiellement pas mal d'échange de cartes postales, si ça t'intéressse, préviens moi.

Salutations
David
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kaskapik
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptySam 17 Déc 2011 - 23:55

Bonjour CWAC beau petit lot que tu as ramassé , j'adore aussi se genre de truc
cartes-postales avec correspondanses et lettres
Noel approche et si tu veut vraiment te faire plaisir mon pote Michel Litalien vient de sortir 2 livres vraiment facinants
le premier auquel j'ai participé ( je lui est passé du materiel de ma collection personnel ) s'apelle: Écrire sa guerre
que des lettres de Piou piou canadiens français 14-18


et l'autre est :Mon journal
carnet de G.U Francoeur soldat au 22 iem btn (1915-1916

aux éditions ATHÉNA


salutation
Stéphane
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMar 20 Déc 2011 - 14:03

Merci pour le tuyau! Effectivement j'ai ce qui touche le quotidien des gens. Dans le même genre j'ai trouvé un lot du genre,pour une bouchée de pain, correspondance anglais.. surtout francais, les lettres reçues d'une américaine par une correspondante française d'Orléans de 1918 à 1920. Il y a de tout et surtout une belle description de Paris lors du défilé du 14 juillet 1919.
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMer 6 Juin 2012 - 19:26

Coucou de retour, Sleep
Je me suis mise à la lecture, … au scan et à la retranscription des lettres (crazy canuck) rendeer de mon vétéran canadien engagé volontaire en juillet 1944 comme lieutenant d’artillerie.

Afin de mieux me comprendre dans ce lot de lettres j’ai fait une grille avec un résumé de chaque lettre et la date de celle-ci. Je peux facilement retrouver un passage intéressant. J’en suis rendue à la lecture au mois d’octobre 1944 et la 38 ème lettre. Petite biographie de ce dernier : Né en 1913 en Gaspésie. S’est marié en 1943 (30 ans c’est quand même tard). Il semblait connaitre sa conjointe depuis longtemps lors du mariage. A eu un enfant pendant la guerre.

Ce qui est plaisant et passionnant de ces lettres c’est quelles sont comme une fenêtre dans le temps pour des petites choses du quotidien : nourriture, films, élections …(oublions pour le moment les nouvelles du front). Notre homme est de la génération de mon grand père (qui lui n’a eu qu’une instruction sommaire -3 ème année primaire- ce qui était la majorité des canadiens français de cette époque souvent travaillant sur la ferme familiale.

Donc notre bon homme est instruit (le français écrit de ses lettres est impeccable et si il y a des fautes dans les extraits c’est moi qui l’a faite Smile ) ce qui est rare, qu’il ait laissé une correspondance et de retrouver ces lettres après 70 ans l’est encore plus. Il fait partie de la bourgeoisie et son épouse bénéficie de commodités. Il y a des liens avec la communauté anglophone par ses amis et son épouse. Qu’il se soit engagé volontaire à cette époque n’est guère surprenant car ses idées politiques (il parle des élections canadienne de 1944) sont plus près du canada anglais.

Les lettres sont écrites sur un mince papier bleu des «Armed foces air mail ». L’officier semblait bénéficier d’un nombre de lettre Air Mail .Il y a un très beau filigrane dans le papier. Le papier est fait pour qu’il serve de lettre et d’enveloppe par un savant pliage. L’écrit de ses lettres est parsemé de terminologies anglaises en référence à l’armée canadienne. Pour les officiers tout s’y passait en anglais. Il y a des « tournures » de phrases typiquement québécoises qui pimentent ses lettres. Notre homme numérote ses lettres ainsi que sa conjointe afin de savoir s’ils reçoivent entièrement leurs lettres.

Nous sommes fin juillet 44, après un passage aux bases militaires de Petawawa et Debert en Canada, notre lieutenant d’artillerie en provenance d’Halifax NS (Canada) vient d’arriver à son camp de Bordon en Angleterre où s’y trouvent plus de 500 officiers en instruction. Ce qui devait être un passage de quelques semaines, pour une instruction de base (« basic trainning », conduite de camion, moto, cours des signaux et d’artillerie), s’est avéré long séjour de plusieurs mois parsemé de longs moments d’attente à ne rien faire.

S’il découvre la beauté des paysages anglais : « Le camp ici est très beau. Toutes les bâtisses sont en briques, les rues en asphalte, et c’est exactement comme une ville. Il y a de la verdure et des arbres partout. »… « Nous avons vu toute la semaine des paysages magnifiques. Le blé est actuellement mur, et à peu près partout les moissons sont commencées. Les champs de blé jauni séparés par des haies de verdure ou de petits bocages jettent un très beau coup d’œil. »

Il est moins satisfait de la nourriture anglaise : « Il fait froid dans la hutte, et je n’ai pas beaucoup mangé au souper parce que nous avons eu de la saucisse (10% viande, 50% pain et 40% bran de scie) ».

Mais curieux des coutumes anglaises : « Je continue ma lettre après souper. J’oubliais de te dire que nous avons le thé en avant-midi vers 10 heures et l’après-midi vers 3 heures. Nous arrêtons pour environ ½ heure à un des nombreux « tea coons » le long du chemin. Ce n’est pas mal, n’est-ce pas. »

Rapidement il demande l’envoi de paquet d’agréments à sa conjointe : soupes, fruits, sardines en boites, biscuits secs, pastilles de combustion pour son petit réchaud et sans oublier les « cigarettes! » lol! objet de contingentements et de tractations.Il s’inquiète de sa santé car celle-ci est enceinte et à déjà perdu un bébé l’année précédente… en tant qu’officier son salaire augmentant il fait changer rapidement l’allocation de son épouse car les délais bureaucratiques sont longs.

Il est impressionné affraid par les formations de bombardiers se dirigeant vers l’Allemagne en fin juillet 44: « Les allemands doivent en attraper une maudite ce jour ci. Les avions passent presque continuellement jour et nuit pour aller bombarder l’Allemagne et la France ou en revenant. »
En début août 44: « Ces pauvres allemands! Doivent en manger une maudite ces jours-ci. Les avions passent au-dessus d’ici depuis deux jours sans arrêter. C’est un vrombissement continuel et souvent nous avons de la misère à s’entendre parler. C’est toutefois intéressant de voir passer toutes les formations aussi parfaites en revenant qu’en s’en allant. Remarque dans les journaux si on parle beaucoup des bombardements, et si l’on dit que les Anglais ont largué des milliers de tonnes de bombes, tu peux le croire. »
Et de nouveau fin août 44: « Nous avons eu du mauvais temps au commencement de la semaine, mais çà tourné au beau vendredi dans la journée. Le soir le ciel était très clair et nous avons vu passer la plus grosse flotte de bombardiers jamais vue au dessus d’ici. Ça passé pendant deux heures et il y en avait partout aussi loin que nous pouvions voir de tout les côtés. C’étaient des avions anglais et ils étaient en formations espacées. Nous ne pouvions pas distinguer le vrombissement de chaque avion, mas çà faisait un grondement comme dans un moulin! Les Allemands on dû en attraper une bonne cette nuit là! Le lendemain avant-midi samedi, nous avons vu passer des bombardiers américains en formations très errées. Ils ont dû en attraper une bonne encore parce qu’il en a passé beaucoup. Quand on voit les dommages fais par les bombes volante à Londres et autour, on peut s’imaginer un peu le dommage fais dans ces raids lorsqu’on sait que chaque avion porte 10 fois plus d’explosifs qu’il y a dans le bombe volante! »

Les longs moments d’attente permettaient de faire de nombreux voyages soit en bicyclette aux alentours, soit à Londres pendant une permission en août 44 où notre lieutenant a été témoin des actions des bombes volantes allemandes V1 Shocked : « En revenant de la messe en autobus, l’alerte à sonné. A peine une minute après nous avons entendu une bombe fusée «(doodle bugs) comme on les appelle ici). Une femme pas loin de moi était très énervée et a voulu se lever pour débarquer. Nous lui avons assuré que la bombe passait loin de nous. Au même moment le moteur de la bombe a arrêté. La femme s’est mise à crier comme une hystérique et il a fallu la tenir. Quelques secondes après, la bombe la bombe a fait explosion à environ ¼ de mille de nous et a cassé des vitres partout autour. Par chance l’autobus passait près d’une maison qui a amorti le choc de l’explosion, et les vitres de l’autobus n’ont pas cassé. Je t’assure que çà fait un déplacement d’air très fort même à cette distance. »

Les longs moments d’ennuis sont aussi une source de rencontres galantes drunken et d’inquiétudes pour les épouses restées au pays. Si notre lieutenant ne mange pas de ce pain, certains amis et confrères ne se gênent pas. Ce sont aussi les soirées au cinéma en ville et au mess avec surtout des films de… guerre l’affiche!, repas au restaurant des fois et retour au camp par tout les moyens possibles : train, camion, bicyclette et … ambulance conduite par une ATS. (Personnel féminin anglais).

Il y a aussi les rumeurs et cancans de toutes sortes… mais le pire est l’envoi d’avis de décès « officiels » erronés aux familles Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 295986 : « … tu te rappelles … Clark qui était à Debert en même temps que moi …… Imagine-toi qu’il a reçu aujourd’hui une lettre de sa femme lui disant : « Je ne sais pas si cette lettre te parviendra. Quoiqu’on te rapporte mort il me semble que tu es toujours vivant! Etc. » Sa mère a reçu d’Ottawa un télégramme lui disant que son fils a été tué en action le 8 août! Elle est assez vieille et n’était pas très bien, et il parait que çà l’a affectée beaucoup ……. Il est immédiatement allé au « Records Office » ici et ils ont téléphoné à Londres. Le bureau de Londres soutient que le Lt ….. Clark est mort, alors Clark a demandé pour parler au téléphone, et il a « parlé » au gars en des termes qu’il a compris! Et qui lui ont prouvé qu’il n’était pas mort! Ils vont rectifier l’erreur aussitôt que possible, et de son côté …. a télégraphié immédiatement à sa mère et à sa femme. »

Tous ces étrangers en territoire anglais ne font pas l’affaire de tous… « Nous sommes ensuite allés souper et nous sommes allés au théâtre, un vaudeville qui était très médiocre. Il y avait toutefois quelques bonnes farces sur les Américains. Les Anglais n’aiment pas les Américains (Yanks comme ils les appellent) et ça paraît! »

Moments très drôle lol! lol! celui du cours de moto au début sept 44 avec un équipement laissant à désirer et donné par un ancien artiste de cirque : « Il a fait beau aujourd’hui qu’hier et nous avons eu que quelques petits orages. Nous nous sommes promenés toute la journée dans les trous [i]et les bosses en plein champ. Il y avait de la vase et c’était glissant. A part ca, j’ai le plus maudit « bazou » comme bicycle. Il n’a pas de force et bloque dans des petites côtes en petite vitesse et avec le gaz « grand ouvert ». Je te dis que je voudrais bien retrouver les bons bicycles que nous avions à Petawawa. Notre réservoir à gazoline est retenu par 4 « bolts » et je lui ai assez brassé le corps aujourd’hui que j’en ai perdu 2, avec le résultat que le réservoir sautait et faisait un tapage d’enfer à chaque « cahot ». Nous allons dans des grande côtes demain, et si je peux avoir la chance de me rendre sur le dessus d’une, il court la chance de prendre une maudite descente….tout seul et d’aller à la récupération après! »…… « Ça valait la peine de voir une quinzaine de motocyclette courir les plaques de fougère en même temps pour pouvoir monter. Nous avons fait çà jusque vers 11 ½ et nous avons pris la grande route pour revenir. Environ ¾ d’heure à 40 milles à l’heure par une pluie battante! Je sentais l’eau entrer par les manches de mon « trench coat » » Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 50428

Le grand nombre d’officiers d’artillerie en « attente » fait que l’inévitable va se produire : le transfert vers l’infanterie. Pour l’armée un officier d’artillerie de plus de 30 ans est trop vieux pour ce corps mais assez jeune pour l’infanterie… donc à la fin du mois de septembre c’est le transfert vers Seaford et les fameuses falaises blanches début oct 1944. A suivre…
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyLun 25 Juin 2012 - 17:11

pour vous mettre dans l'ambiance du cours de moto. Des photos du camp d'entrainement de Bordon en Angleterre en 1942

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Bordon10
la fameuse traversée de la rivière
"Vendredi matin nous avons traversé une rivière en bicycle! On nous avait dit de lui donner du gaz en masse et de glisser notre «clutch », et que moteur n’arrêterait pas, mais mon « bazou n’a pas compris ça de la même manière, et aussi tôt que l’eau a atteint le distributeur, il a étouffé et j’ai été obligé de le pousser de l’autre côté."

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Bordon11
la montée à la recherche des plaques de fougères


Dernière édition par CWAC le Lun 25 Juin 2012 - 18:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyLun 25 Juin 2012 - 18:24

Bonjour me revoilà, Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 30243

J’ai maintenant terminé la lecture des mois d’octobre et de novembre 1944.

Notre officier d’artillerie est maintenant envoyé à un autre camp près de Seaford et des fameuses falaises blanches. Si nombre des ses connaissances sont transférées vers l’infanterie, notre bonhomme continue sa formation d’artilleur. Son quotidien tourne autour de ses formations, de tirs de pratiques à Seaford sous la pluie, déménagements et l’importance du « réseau » interne des ses connaissances afin d’avoir des nouvelles des frères d’armes. Les colis du pays et ses gâteries… et les fameuses cigarettes.

La réception des cigarettes utilise un système particulier. Les cigarettes n’étaient pas envoyées par colis avec les gâteries. La famille et amis resté aux pays « achetaient » des bonds de cigarettes. C’est bonds étaient postés, télégraphiés en Angleterre afin que le soldat puissent réceptionner les quantités achetées à partir d’entrepôts à cet effet. Si le sucre était une denrée rare, pour les cigarettiers du Canada monter un tel système faisait qu’il n’avaient point de pénurie de cigarettes pour le soldat en Angleterre! Shocked

La grossesse de sa conjointe se déroule maintenant bien, malgré un début difficile. Notre officier fête ses 19 mois de mariage, et déplore le fait que sa conjointe n’aie vécu dans « ses » valises et chambres depuis ce temps. Difficile la vie de conjointe de soldat : « il est bien raisonnable que tu puisses t’installer à ton aise après avoir promené ton linge dans une valise et de chambre en chambre pendant 18 mois. » J’en déduis donc que mon officier est un soldat de carrière. Ils discutent par leurs lettres des opportunités d’achats de meubles pour avoir un chez soi à son retour au pays.

Un congé de 9 jours permet à notre officier d’habiter chez des amis à Sheffield (la conjointe du responsable de l’aqueduc est canadienne), description cette ville industrielle et de ses blessures dues aux bombardements allemands : « La seule industrie de Sheffield qui est une ville de 500 000 habitants est le charbon et l’acier. C’est te dire que c’est sale et plein de fumée. Il n’y a rien d’intéressant dans la Ville. Ils ont été pas mal affectés par les bombardements Il y a certaines parties où il maque un grand nombre de maisons, mais comme il y a assez longtemps de cela, toute les ruines ont été enlevées, et les édifices qui n’étaient pas trop endommagés ont été réparés. »….. « Mr Clarke est ingénieur en charge de l’aqueduc de Sheffield, et tout l’organisation des écluses et des filtres est autour d’ici. Il a son bureau dans l’usine de filtrage à l’écluse ... Il m’a fait visiter toute l’installation, et c’est très intéressant. Je peux te dire qu’ils prennent plus de précautions pour leur eau… »

Les impératifs de la guerre ont transformé les villes industrielles et la vie des gens: « Sheffield est comme tu le sais sans doute l’endroit où se fabriquent la meilleure coutellerie et les meilleurs ciseaux du monde. Sans t’en parler, j’avais l’intention d’essayer de te trouver une belle coutellerie et un set de ciseaux, pour cadeau, mais ils m’en fabriquent plus depuis la guerre, et il m’en reste plus depuis longtemps dans les magasins. » Sad

Il découvre les commodités des grandes villes et leurs patinoires avec glace artificielle en 1944.

J’ai eu l’agréable surprise que mon officier entretenait une correspondance avec une certaine Elspeth Russell une des rares femmes pilote d’avion de la ATA ! Rare site internet en discutant : Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 166167

http://www.histoiresoubliees.ca/histoire/elspeth-russell-une-femme-dans-le-ciel

Il parle aussi d’un nouvel équipement introduit à l’uniforme d’officier, le béret et son prix.....:
« Nous sommes supposés porter le béret maintenant au lieu du « field-cap » et au lieu d’avoir une badge ordinaire dessus, nous mettons une « grenade » (Ce que j’ai sur le devant de mon service dress) bronzée sur l’inscription « Ubique » en blanc, le tout sur un feutre rouge. Je viens de m’en acheter une, et je l’ai payé 6 schellings ($1.35)! Je vais m’acheter un béret la prochaine fois que je vais aller à Aldershot. Ils nous vendent ces bérets $5.00! Je te demanderais bien de m’en acheter un, et çà coûterait moins cher en Canada, mais ce ne serait peut-être pas la bonne grandeur, et ce serait plus de trouble que la valeur de l’argent que nous économiserions. Ce béret est Kaki, et c’est plus commode que « field cap ». »

Il apprend la mort d’un ami au front, le départ d’autres pour l’Italie ou la Hollande… il sent que son tour approche. Une de ses connaissance va retourner « en » Canada comme officier en charge de la réhabilitation des soldats…. Fin novembre 1944 l’armée remet aux officiers 5 lettres à postage gratuit.

A la lecture de ces dernières lettres je m’amuse maintenant à identifier les villes sur les cartes, les restaurants visités et de trouver des photos d’époque. Je suis surprise de constater la transformation agro alimentaire de l’époque et que nombreux aliments sont toujours en vente sur nos étagères d’épiceries nord américaines.

A la prochaine!
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyJeu 9 Aoû 2012 - 15:29

De retour! pour continuer l’histoire de mon lieutenant d’artillerie.

Nous sommes en décembre 1944. Il y a une augmentation substantielle du volume postal au point que les autorités réquisitionnent des soldats pour le travail postal! Lors d’un voyage à Londres mon lieutenant dormira dans un lieu spécial : « Je suis allé à Londres en fin de semaine. J’ai appelé W….. vendredi soir, et je suis arrivé samedi après midi. Je me suis pris une chambre à un Club d’Officiers, le « King Georges & Queen Elizabeth Officers’ Club ». J’ai aimé mieux ça, parce que le lit qu’il a dans son appartement n’est pas un lit double, et ça le dérange probablement. Ce club là est d’un chic un peu extraordinaire. C’était l’Ambassade Allemande avant 1914, alors tu peux t’imaginer! » Shocked

Mon officier continue son entrainement d’officier d’artillerie. Lors d’un d’une sortie il lui arrive un incident Embarassed : « Je ne t’ai pas parlé bien d’un incident qui est arrivé sur notre schème. Samedi avant midi nous avons tiré jusque vers 11 heures, et nous avons arrêté parce qu’il pleuvait tant que ceux qui dirigeaient le tir ne voyaient plus rien. Les gunners ont mis les couverts de toile sur les canons et je les ai envoyés se mettre à l’abri dans les tracteurs. Vers 1 heure, nous avons reçu l’ordre de nous en aller. Comme il y avait 2 canons de chargés, j’ai donné l’ordre de tirer pour les vider, et un des détachements a oublié d’enlever le couvert de sur le museau du canon avant de tirer! Le couvert a volé en morceaux et l’obus est tombé 2000 verges plus près qu’il était supposé aller! Par chance il n’y a pas eu de dommages, et le plus dangereux, ca aurait été que l’obus fasse explosion en sortant du canon, ce qui aurait pu blesser plusieurs de ceux qui étaient autour. »

Il y a toujours la menace de transfert vers l’infanterie, les résultats d’examens passés décideront de la suite.

De plus les officiers ne pourront sortir du Camp durant les congés de Noël. Ce qui lui permet de rencontrer une connaissance revenant du front : « J’étais à causer avec des amis, tout à coup, je vois entrer J…. F….! Il avait les cheveux en broussaille, le battle dress pas bien pressé, et des bottes pas très luisantes! Il arrivait directement de Hollande. Il était parti d’avec son Régiment depuis environ 2 semaines. Il va probablement être attaché comme instructeur au Camp d’Albert pour quelque mois, comme repos. Il est en bonne santé et de bonne humeur, mais il dit qu’il a besoin de repos et de changement d’air. Il a été en action pendant 5 mois." Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 295986

Il reçoit une mauvaise nouvelle, son épouse a eu une menace d’avortement et sa santé est toujours fragile. Si ces copains sortent du Camps pour fêter le Nouvel An, lui y restera. Le 31 décembre 44 écrira une lettre d’espoirs à sa femme : « C’est aujourd’hui la dernière journée de 1944. Ca n’a certainement pas été une année bien gaie pour nous. Que nous réserve 1945. Notre bébé naitra en février et il est très probable que l’année nous amènera la fin de la guerre (et surtout notre réunion). » I love you

En janvier il est réquisitionné pour participer à une Commission d’enquête. Et se déplace à Woking pour continuer son entrainement. Avec des copains ils « cuisineront » un repas très masculin : « Un de nos signaleurs a reçu un paquet de chez lui juste avant de partir et il a tout apporté, et hier soir il nous a fait un lunch. Il avait de toutes sortes de conserves : fèves au lard, ragout, steak aux oignons, etc. Il a tout mis çà ensemble dans une caniste de gazoline de 4 gallons coupée en deux et rincée. Il a fait chauffer çà et nous l’a servi. C’était très bon. » pale lol!

Avec l’arrivé prochaine d’un groupe d’officiers du Canada (il se demande qu’est-ce que l’armée fera avec tout çà), il reçoit la nouvelle tant attendue et annonce son départ prochain pour le front pour la Canadian Mediteirranean Forces CMF. Le reste du mois se passe à préparer son bagage, se départir de possessions qu’il n’utilisera plus. Pendant ses temps libres il ira à Londres au théâtre Phoenix pour voir une pièce avec Anton Walbrook dont il fera un long résumé avec détails. Son départ d’Angleterre se fera en pleine tempête, les trains sont retardés de plusieurs heures et les hommes restent sans nourriture. Le départ en bateau par grosse mer durera plusieurs jours dans de bonnes conditions.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Anton_Walbrook

Mon officier aura passé 5 mois d’entrainement avant de « traverser » vers le front. Ce lieutenant est quelqu’un qui aime mettre des détails dans ses lettres de 900 mots. A la fin janvier, il restera un peu plus de 3 mois à la guerre et ne participera probablement aux combats directs. Je me console en pensant que c’est exceptionnel de trouver ses fragiles lettres de 70 ans, et que j’aurai le témoignage des premiers mois de la fin de guerre européenne.

À la prochaine pour les mois de février, mars et … avril 1945.
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyJeu 9 Aoû 2012 - 15:48

Salut , merci du partage ces très intéressent .
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyVen 10 Aoû 2012 - 13:56

Merci beaucoup, ça me prend un peu de mon temps de faire tout cela, il m'en reste 2/3 à faire....il faut être un peu geek et ça me fait plaisir de partager avec les gens du forum.
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyJeu 6 Sep 2012 - 20:05

Comme promis les mois de février mars et avril 1945 Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 30243 J’ai profité de ma dernière semaine de vacance pour vous concocter cette suite.

Dès le départ le mois de février 45 me réservait une mauvaise surprise. La numérotation des lettres m’ont permis de constater…. qu’il me manquait une quinzaine de lettres soit plus de la moitié du mois! Il semble que les services de l’armée en trait au courrier en Italie soient moins organisés ou peut être une perte des archives de la famille. Notre lieutenant a essayé le American air post et ce sont ces lettres, sauf une, qui sont manquantes.

Je vous ai laissés au moment où mon lieutenant traverse sur le continent européen début février 1945 direction… l’Italie et son chaud soleil :

« Il a fait très beau toute la journée et chaud. Ça fait drôle de voir cette température aussi chaude que chez nous l’été dans le mois de février. L’herbe est verte partout, mais la plupart des arbres n’ont pas de feuilles. Les orangers et les citronniers ont encore leurs feuilles. Le paysage doit avoir tout autre aspect lorsque les arbres sont tous en feuilles. Il y a très peu de conifères ici. »

Les nouveaux arrivants étaient versés dans des régiments de réserve pour un mois environ. Notre lieutenant Canadien français catholique romain est dans la région de Solene et a fait une visite des ruines de Pompéi en février 45 :

« En arrivant à Pompéi nous avons d’abord visité l’église qui est en très grande partie de construction très récente. Elle a été finie vers 1939. C’est d’une richesse extraordinaire. Les murs et les colonnes sont recouverts de marbres de toutes les couleurs et très beaux. Il y a aussi de magnifiques mosaïques au-dessus des autels. C’est tellement délicat qu’on dirait que ce sont des peintures. ……. C’est tout de même un très beau monument qui vaut la peine d’être visité. L’extérieur est aussi très beau. Il n’y a pas de clocher, mais à gauche il y a une tour très haute qui contient un magnifique carillon.
Lorsque nous sommes débarqués du camion à Pompéi, ça a été une ruée par les « natifs » pour s’offrir comme guide, et partout nous avons des enfants à nos trousses pour nous offrir des cartes postales et toutes sortes de souvenir.
Nous avons pris un guide qui nous a amenés à travers les ruines de Pompéi. C’est immense; ce qui a été déblayé à date couvre 5 kilomètres carrés, presque 3 milles carrés, et les travaux se poursuivent toujours. Il y a des choses très intéressantes, comme l’amphithéâtre, la place publique et quelques temples. A l’intérieur de certaines maisons il y a des peintures sur les murs qui sont très bien conservées.
Les guides ne manquent pas de nous amener dans la rue des maisons de prostitutions et de nous donner forces détails! What a Face Franchement on pourrait passer une semaine à visiter ces ruines et il aurait toujours quelque chose d’intéressant à voir. »


Dites-moi, je crois que les choses n’ont pas beaucoup changées depuis pour les touristes, sauf pour la superficie dégagée. lol!

Le pays souffrait toujours des difficultés d’après-guerre et d’approvisionnement mais on pouvait toujours s’arranger :

« je suis allé m’acheter 4 oranges et je les ai mangées. Je me suis aussi acheté plein la poche sur la cuisse de mon pantalon de « battle dress » d’avelines, le tout pour un paquet de 20 cigarettes anglaises qui ne me coutent rien! »

Depuis son départ d’Angleterre il y a un mois, il reste sans nouvelles et écrit une lettre très pessimiste car le 27 février était la date de naissance prévue du bébé. Mais ces sombres pensées sont dissipées avec la réception d’un télégramme, le 2 mars daté du 23 février : I love you

« Je peux te dire maintenant que j’étais inquiet avant de recevoir ton télégramme. Tu semblais un peu pessimiste dans tes lettres, et il peut se produire tant de complications à l’accouchement. Je n’osais pas trop te parler du bébé dans mes lettres, au cas où il arriverait un malheur et où il ne survivrait pas. Je redoutais aussi un malheur pour toi, car tu avais eu tant de complications pendant ta grossesse. Tu peux alors imaginer un peu mes sentiments lorsqu’on m’a remis le télégramme, et j’attendu d’être seul pour l’ouvrir. Mais tout cela est passé maintenant et la seule chose qui m’intéresse, c’est d’avoir des nouvelles et de retourner au plus tôt. »

Le camping sous la tente dans les montagnes d’Italie n’est pas sans repos. Il peut y avoir bien des façons d’être blessé :

« Nous nous sommes réveillés ce matin avec une tempête de neige!, et nous avons eu de la neige par tourbillons un peu toute la journée…… Notre tente était pas mal « slack », alors vendredi midi j’ai au « batman » de la raidir. Je lui ai expliqué de ne pas trop la raidir au cas où il pleuvrait, mais c’est un Italien qui ne comprend pas beaucoup l’anglais, alors il l’a raidie autant qu’il a pu. Dans la nuit il a plu un peu, et la tente a foulé avec le résultat que le poteau de centre a cassé et la tente nous est tombée sur le dos! Le poteau a cassé au milieu, et le bout est tombé près du lit de C.., à quelques pouces de sa tête; je te dis qu’il a retroussé. » modo

Être en régiment de réserve lui permet d’avoir des temps libres et d’aller au cinéma voir « Champagne Charlie » Un film anglais…. qu’il n’a pas très apprécié.
Sleep


Il explique la monotonie des lettres :

« Je t’écris tous les jours mais tu dois trouver mes lettres monotones, car je ne peux que te répéter la même chose que j’ai hâte d’avoir de tes nouvelles, etc. Je ne peux pas te donner grand’nouvelles d’ici, car il ne se passe pas grand’chose de bien intéressant et il y a bien des choses qu’on ne peut pas dire. »

Il y a un passage intéressant concernant la tombe d’un canadien tué au front :

« Il m’a dit que ce pauvre H... K…. (tu l’as rencontré au Hostess House à Debert) a été tué. Il était avec le « West Nova Scotia ». Quand ils ont pris l’endroit où il a été tué, les Allemands l’avaient enterré et avaient mis une croix sur sa tombe avec son nom. Ils l’ont déterré et rien n’avait été touché dans ses poches. Il avait son argent, sa montre, etc. »

Un entrainement en montagne lui permet de faire du tourisme et découvrir le commerce des moines locaux! :

"Nous sommes partis ce matin à 8 ½. Il faisait déjà pas mal chaud et le soleil était très fort. Il y a un chemin d’automobile qui se rend et nous avons pris des sentiers par petits groupes. Il y a des bouts ou c’était pas mal à pic, et c’était chaud! Mais à mesure que nous montions ça devait plus frais, et vers 11 heures, nous avons commencé à rencontrer de la neige.
Nous sommes arrivés au monastère vers midi, et avons mangé le lunch que nous avions apporté avec nous. Je tiens à te dire que nous avions faim! Il n’y a que quelques moines qui restent au monastère l’hiver; le reste passe l’hiver dans un autre monastère au pied de la montagne. Ils ont là un restaurant et un « bar »! ouverts au public. Le chemin passe devant le monastère et continue plus loin dans la montagne. Il est bloqué par la neige actuellement, mis on dit que c’est un endroit très fréquenté en été. J’ai pris un coup de « cherry brandy » des moines avant diner, et un coup de bénédictines avant de redescendre. C’est de la très bonne boisson. Rolling Eyes
Le monastère et a environ 500 pieds du sommet. La plus grande partie du groupe est restée au monastère, mais je suis monté avec 5 ou 6 jusqu’au sommet. J’en avais assez lorsque j’ai été rendu ! La vue est magnifique du sommet. C’était très clair et ensoleillé aujourd’hui, et nous pouvions voir jusqu’à une autre chaine de montagnes à environ 30 milles. A nos pieds ca paraissait comme une immense plaine quoique ça soit loin d’être planche! Les collines ne paraissaient pas du tout. Nous sommes redescendus au monastère.
J’ai rencontré un moine qui parlait français pas mal et il m’a fait visiter leur chapelle. Le premier monastère a été bâti là au 9ième siècle. Il ne reste plus rien de ce monastère et celui qui existe actuellement a été bâti par parties depuis, mais la plus grande partie de 1800 à 1850. Ils ont toutes sortes de reliques, des ossements de divers prieurs, et une espèce de momie du fondateur, St-Guillaume.
Ça a été une visite très intéressante, mais je suis pas mal fatigué ce soir. La descente fut presqu’aussi dure que la montée, car c’est très dangereux avec des bottes ferrée sur le roc, mais ce fut plus rapide. »


Grâce au nom du saint j’ai pu deviner qu’il faisait mention au monastère de Montevergine. Ce sera la dernière chose notable faite en Italie. Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 641861

http://www.cassicia.com/FR/Vie-de-St-Guillaume-de-Verceil-Abbe-Fete-le-25-juin-Thaumaturge-et-fondateur-d-Ordre-mort-en-1142-No_455.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_territoriale_de_Montevergine

Mi mars 1945 Mon lieutenant est transféré dans le « Nord Ouest » de l’Europe, (la Belgique plus précisément) même si ce n’est pas dit directement.

Il apprécie la « propreté » du pays et de ses habitants :

« Nous sommes allés dans la campagne autour de la ville. Il faisait très beau et c’est très joli. Il fait très beau et assez chaud depuis quelques jours. Les arbres fruitiers sont en fleurs partout et les autres arbres sont en feuilles. C’est un merveilleux pays, et j’y reviendrai avec toi (son épouse) s’il y a moyen après la guerre. »

Découvre Bruxelles :

« C.. et moi avons décidé d’aller à Bruxelles que je n’avais pas encore vue. C’est un voyage assez long et fatiguant par camion, mais nous nous sommes bien amusés. Bruxelles est une très belle ville surnommée le « Petit Paris », et ceux que je connais qui sont allés à Paris disent que les deux villes se ressemblent. »

Son Opéra Royal.

« Je suis allé au ballet à l’Opéra Royal, avec C…..t et C... La troupe de ballet est presqu’aussi connue en Europe que les « Ballets Russe ». C’était très bien et nous avons passé une très agréable soirée. L’orchestre était bon, composé de musiciens de « Ensa », une institution anglaise qui organise des représentations pour les troupes, et des musiciens locaux. »

Et les cuisinières belges queen :

« Les gens ici sont plus pratiques que les Anglais, car ils ont le chauffage central. A part çà, la nourriture est très bonne. Nos cuisinières sont des femmes du pays, et çà a l’air qu’elles savent mieux tirer partie de ce qu’elles ont que les cuisiniers de l’Armée. »

Il apprécie le luxe des mess d’Officiers :

« Nous sommes ensuite allés souper au « Club des Officiers », qui en passant est encore plus chic que ceux de Naples et Salene. »

L’inflation des premiers jours de libération est exorbitante sur certains produits Shocked :

« Nous sommes arrêtés à un où il y a des articles de cuir. J’ai vue une belle sacoche et j’ai demandé le prix. On m’a dit « 4 000 francs »; çà équivaut à « 104$, alors je ne l’ai pas acheté! »

A moins que ce soit des prix pour les touristes… Very Happy

Il est installé dans un château dans la campagne mais la logistique des transports fait défaut. Ce qui lui impose souvent de longues marches :

« Nous sommes rendus à notre destination. Nous sommes en pleine campagne, logés dans un ancien château, et je couche dans le grenier. …..Nous sommes à environ 10 milles de la Ville, mais il y a une ligne de tramways qui passe tout près, et un « tram » de toutes les heures. Il y a aussi une grande route pas très loin, où nous pouvons avoir des « lifts » facilement. Le seul inconvénient c’est que nous sommes à 2 ½ milles de Camp, et lorsque nous manquons le camion il faut marcher! » soit presque 5 km qu’il doit faire allé retour quotidiennement….

Manque de chance! il est réquisitionné pour une marche forcée par un officier supérieur :

« Ce matin je suis allé sur la parade et je m’en retournais du Château avec C…. immédiatement après, lorsque le Commandant de la Compagnie nous a arrêtés et nous a envoyés sur une marche avec le reste! Nous avons fait un mille et nous sommes arrêtés à un «café » prendre un bol de café, et c’est de là que je t’écris. Je te garantis que la prochaine fois il ne nous verra pas! »

Son instruction (droit) et fonctions civiles (notaire) sont misent à contribution pour l’armée:

« On m’a annoncé ce midi que je suis membre-suppléant d’une cour martiale demain. Si l’un des membres n’apparait pas, je serai l’un des juges. C’est une « job » que je n’aime pas, et il se pourrait bien que je sois accroché dans le département légal pour quelques temps … »

Ses qualités d’organisateur :

« Samedi après midi le major nous a nommés 3 pour faire une enquête sur le système de communications qui relie notre Camp avec la Ville et essayer d’obtenir un meilleur service. Nous passons nos journées en Ville pour rencontrer ceux qui sont en charge de çà, ……. Nous avons réussi très bien dans une partie de nos démarches, car nous allons avoir un « tram » spécial allant au Château et qui partira de la ville à 11 heures… »

Ses nombreux déplacements fait que sa « malle »(lettres, colis…) suit difficilement. Il recoit en avril un coli alimentaire de décembre… Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 772918


La situation des régiments de réserve n’est pas sans risques :

« Comme tu pourras le constater par ma nouvelle adresse, j’ai déménagé. Nous avons passé une nuit sans dormir et fait un voyage pas très confortable. A l’endroit où nous sommes, sous sommes organisés bien moins confortablement qu’où nous étions avant, et nous sommes une dizaine qui devront coucher dehors. Nous couchons sous une rangée d’arbres le long d’un chemin qui n’est pas très fréquenté, il n’y a pas de danger que nous soyons dérangés, la région ici avait été minée par les Allemands et lorsque nous somme arrivés, nous avons enlevé les mines des endroits dont nous avions besoin seulement, alors le fossé qui nous sépare du chemin est rempli de mines, et il serait malsain de s’y aventurer! » affraid affraid

L’allocation de son épouse est augmentée suite à la naissance de son fils. Si je comprends bien c’est le soldat qui décidait du montant transférer à l’épouse suite au nouveau calcul de l’allocation par la mise à jour de document administratif. Mon lieutenant se débrouille avec peu, comme il dit tous ses frais sont payés, j’espère qu’il n’y avait pas trop de disparité pour les mêmes cas. pale


Enfin ! le 25 avril 45 mon lieutenant passe à l’action au 19th Field Regiment (artillerie). C’est un voyage éclair au travers de la Hollande:

« Les paysages de Hollande sont bien comme on nous les présente sur les gravures, etc. Le pays est très plat, et les principaux points de repère sont les moulins à vent et les clochers d’église. C’est très propre partout, même dans les villes qui ont été endommagées, tout a été déblayé. Les villes sont bien bâties et modernes et les gens sont très sympathiques. Ils ont beaucoup souffert pendant l’occupation allemande et sont contents d’être délivrés. »

Direction Allemagne!

C’est la fatigue et routine des gens en action :

« …après un voyage assez long et fatiguant en camion, nous nous sommes rendus à ne unité de l’arrière où nous avons passé la nuit. ….il est maintenant 4 heures dimanche matin. Je suis en devoir depuis minuit jusqu’à 8 heures. …nous avons été un peu occupés à tirer. Maintenant le signaleur lit et le « Able » (un assistant) écrit une lettre à sa fiancée. » « Nous avons des quarts de 8 heures, alors une journée nous travaillons 8 heures et le lendemain 16 heures. Lorsque nous déménageons cependant, tout le monde est en devoir, alors si çà s’adonne pendant notre temps de repos, c’est tant pis! » Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 963328

Et le système D (débrouillardise) :

"Lorsque nous ne sommes pas en devoir, nous allons nous reposer et dormir dans les maisons autour. Tous les civils sont partis et il reste un bon nombre de maison qui ne sont pas trop endommagées, alors nous pouvons nous loger assez confortablement. Nous avons cependant de la misère avec les poëles; il semble que la vibration (et il en a eu pas mal!) fait détacher la suie des cheminées et bloque les tuyaux, car presque tous les poëles fument."

Et essaie de rassurer son épouse :

I love you « Je sais mon petit amour que le fait de me savoir en action doit t’inquiéter, mais ne t’en fais pas. La plupart ici sont en action depuis D-Day et ils connaissent leur affaire. Il y a toujours un élément de risque, mais avec un peu de chance, je devrais m’en tirer facilement. D’ailleurs, çà ne sera pas long maintenant, cas les nouvelles hier soir parlaient de rumeurs de reddition des Allemands. En tout cas, s’ils ne se rendent pas prochainement, il ne restera pas grand’chose de l’Allemagne! Les Russes sont en frais de faire une « job » à Berlin, et j’ai vu la « job » que nous avons faite à quelques rues de leurs villes… »

A la lecture des ces lettres, chacun du couple a essayé de ne pas inquiéter l’autre. Ils se sont auto censuré.

Elle en lui donnant peu de détail sur l’accouchement sauf celui qu’il n’a pas été « normal ».

Lui dans les risques d’être en action : car s’il tirait des obus sur les Allemands, ces derniers répondaient aussi comme il le mentionnera dans les prochaines lettres de mai et juin 1945.

A bientôt. rendeer





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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyJeu 6 Sep 2012 - 21:25

Extra de suivre pas à pas une personne durant la guerre avec des détails cocasse. Merci pour ce saut dans le temps. Smile
Conserve précieusement se lot de carte qui pars si souvent à la poubelle dans les familles.

Cordialement,
Shark
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyVen 7 Sep 2012 - 4:31

Merci des commentaires Shark. Oui j'ai pris la décision de prendre soin de ces lettres. Quand je les ai achetées, l'antiquaire me les a vendues "au prix des timbres" et je l'en remercie car c'était dans mon budget. Elles ont quitté la région d'où elles venaient..tout comme moi.

Mais j'ai un GROS dilème....J'ai découvert la trace de mon lieutenant. Il vient de la même région que moi. La ville où il a habité est celle où j'ai fait mes études supérieures techniques. Il a été un membre influant de sa communauté. Mon lieutenant a été le deuxième directeur de l'institution financière que son père a fondé . Il a été l'un des membres fondateurs d'un lien maritime entre la rive nord et sud du fleuve St-Laurent. De plus il a oeuvré dans le domaine de l'éducation. Un homme d'action! D'ailleurs un bateau-traversier porte son nom.Je pense que tout le monde là bas ne se doute que ces lettres existent encore.

Si jamais je m'en départies elles iront dans un musée, car elles ont maintenant trop de valeur pour la petite histoire de cette région.

La lecture des deux prochains mois s'annonce passionnante et les annecdotes que j'ai lues jusqu'à maintenant remarquables.. Comme vous l'avez remarqué mon lieutenant est un bon conteur. cheers
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyVen 7 Sep 2012 - 12:32

Un homme influant en effet! Tu décortique tout un moment de son passé qui pourra surement être mis au jour pour que tous le monde le sache. Le fait de le mettre dans un musée n'est pas une mauvaise idée même si tu les conserveraient j'en suis sure comme il se doit tout en communiquant à tous son histoire. Enfin pour communiquer il faut peut être le consentement de sa famille. As tu trouvé une trace d'un de ses descendants?

J'attends la suite des lettres Smile

Cordialement,
Shark
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyVen 7 Sep 2012 - 13:41

Bon commentaire! C'est pour ça que je n'ai pas mentionné son nom pour le moment. Je n'écris pas tout.... car le contenu de ses lettres n'étaient que pour les yeux de son épouse. J'ai l'impression d'être un peu voyeuse... à en faire la lecture. Je me réserve une petite gène.

J'essaie de rejoindre un ancien prof d'histoire,il adore faire des recherches sur l'histoire régionale, pour lui demander conseil sur quel serai la meilleure alternative. Je pense que les lettres ont été perdues (volontairement ou non) d'une quelconque façon par la famille.
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptySam 15 Sep 2012 - 17:36

Voici la suite de mai 1945, je n’ai pas entendu de finir la lecture de juin pour le faire. Laughing

A sa dernière lettre de avril 45 mon lieutenant parlait de la capitulation imminente des Allemands. Dans sa première lettre de mai il est, de nouveau, transféré vers une autre unité d’artillerie :

« Le 15th est dans la 4ème Division, une division blindée, et nous portons un carreau vert sur le bras. »

Il parle de la Capitulation de l’Italie et regrette de ne pas avoir été là, je crois qu'il s'ennuie du soleil d'Italie sunny :

« C’est bien regrettable que nous ne soyons pas restés en Italie; on vient de nous annoncer à la radio que l’Armée Allemande en Italie a capitulé; nous aurions eu un bon repos! »

du suicide d’Hitler et des derniers combats avec les Allemands! Tel que décrit dans sa lettre du 5 mai 1945:

« Je t’assure que je n’ai pas eu grand temps libre pour t’écrire ces derniers jours. Nous avons déménagé tous les jours et j’ai été comme un chien fou tout le temps. Les Allemands étaient en fuite; nous tirions sur eux quelque temps et ensuite nous ne pouvions plus les atteindre. Nous sommes arrivés à l’endroit où nous sommes actuellement hier après midi vers 4 heures et nous avons tiré jusque vers 8 heures. Quelque temps avant que nous finissions de tirer la nouvelle est arrivée par radio que les hostilités dans notre secteur cesseraient à 10 heures ce soir, et quelque temps après, une autre nouvelle est arrivée disant que ce serait à 8 heures ce matin. Nous étions tous bien contents, mais personne ne s’est excité. Nous nous sommes tous couchés vers 11 heures, excepté ceux qui étaient en devoir et je me suis levé à temps ce matin pour donner l’ordre « Cease Fire » à 8 heures. Tout est bien tranquille ici aujourd’hui, car nous sommes en Allemagne, mais j’imagine que çà doit célébrer en Hollande, à Amsterdam, Rotterdam et toutes ces régions qui viennent d’être libérées. Cà doit certainement être plus intéressant là bas qu’ici. Ici les Allemands essaient de nous faire une belle façon et nous leur faisons une « face de bois ». Nous vivons ici dans une maison de ferme assez grande. Nous avons pris 2 chambres en bas et tout le haut et la grange; les Allemands s’arrangent avec le reste.
J’espère bien que nous allons pouvoir déménager d’ici prochainement et nous installer mieux. »


Il reçoit de plus en plus son courrier du pays mais pas en ordre chronologique! Et il n’est pas le seul :

« Je vois que ta malle est arrivée mêlée comme la mienne depuis que j’ai quitté l’Angleterre probablement que ces lettres qui manquent t’arriveront un de ces jours. »

Le 7 mai 45 c’est le calme après LA « tempête » de 5 longues années :

« Il est 2 heures lundi après midi; je suis assis sur l’herbe près du jardin de la maison où nous vivons et je me chauffe au soleil en t’écrivant. Il fait beau aujourd’hui pour la première fois depuis presque 2 semaines. Tout est tranquille ici; nous n’entendons plus les canons et les mitrailleuses, et il ne passe plus d’avions, surtout. Les allemands ne nous envoient plus « d’air-bursts » (obus qui font explosion dans l’air)!

A défaut « d’air-Bursts » des extraits d’essais de V1 et V2 allemands sur Youtube, est-ce d’époque? En tout cas les meubles de la maison m’y font penser.

V1 test


V2 test


Son régiment est toujours dans la maison de ferme allemande à l’endroit où la guerre s’est arrêtée pour lui :

« Nous sommes encore à l’endroit où nous étions lorsque les Allemands se sont rendus. Nous avons presque toute une maison de ferme avec grange attenante pour la troupe, environ 60 hommes; nous sommes pas mal installés et il est possible que nous passions encore quelques jours ici avant d’aller dans la gare que nous occupions. Nous n’avons rien à faire et nous en profitons pour faire notre lavage et tout remettre en ordre. »

Ils ont déménagé 3 régiments dans un long convoi à un ancien camp allemand, c’est de nouveau l’organisation de l’installation sans oublier la sécurité dans ces premiers jours de fin de guerre. Notre lieutenant en fait une longue description :

« Dans ma dernière lettre je te disais que nous étions supposés déménager prochainement à l’endroit où nous passerions la période d’occupation. Nous avons déménagé mardi. Ce n’était pas très loin, environ 20 milles, mais çà nous a pris une partie de l’après midi. Les chemins sont dans un état terrible; à peu près tous les ponts ont été démolis et les ingénieurs ont dû les reconstruire, mais ce sont des ponts étroits où on ne peut pas faire de rencontres. Un régiment d’artillerie sur la route fait un convoi de plus de 5 milles de long, alors tu peux t’imaginer avec le trafic en sens inverse, si c’était beau!
Où nous sommes, les 3 batteries du régiment et « Regimental Headquarters » sont dispersés dans une zone d’environ 5 milles, et notre batterie a été envoyée dans un ancien Camp de travail Allemand.
Les 2 premiers jours ont été très occupés par l’organisation, car il a fallu d’abord être prudent pour les « booby traps »; car il a fallu nettoyer et réorganiser, car quelques huttes étaient occupées par des civils dont les maisons ont été détruites. Tout est bonne voie de réorganisation maintenant, et nous allons avoir la meilleure organisation de tout de régiment. C’est un petit camp, juste assez grand pour accommoder les 200 hommes de la batterie confortablement. Nous avons arrangé le système d’eau, et nous allons avoir l’électricité ces jours-ci. Nous avons un « mess » et nos chambres dans la même hutte. Nous sommes 2 par chambre et de l’espace amplement. Nous avons un très bon cuisinier pour notre mess et une très bonne nourriture; par exemple, nous avons eu hier soir du « T-bone steak »; nous l’avons apprécié. Si çà continue comme çà, nous n’aurons pas à nous plaindre trop.
Le seul inconvénient que nous avons actuellement est qu’il y a un pont démoli à ½ mille du camp; et nous avons dû laisser les véhicules et les canons là en attendant que le pont soit bâti. Nous avons bâti un pont temporaire, mais les seules choses qui peuvent traverser sur ce point sont les motocyclettes et les jeeps, de sorte que nous n’avons pu transporter jusqu’à maintenant que le strict nécessaire. C’est aussi un peu un problème lorsque nous avons à sortir, mais le nouveau pont devrait être prêt prochainement. »


Et de vivre les joies de la hiérarchie de l’armée est ses... inconvénients :

« Je ne t’écris pas bien souvent! Ma dernière lettre était du 10 mai. Nous sommes pas mal occupés à toutes sortes de choses, et comme je suis l’officier junior de la batterie, j’accroche ma bonne part des « jobs »! Nous sommes pas mal organisés maintenant, et çà devrait avoir du bon sens sous peu. »......Notre pont a été fini hier soir et tous nos véhicules sont maintenant rendus au Camp.

Les gens apprennent de nouveau à profiter des petits plaisirs de la vie :

« Il y a une petite rivière qui passe à environ 300 verges du Camp, et c’est très beau pour se baigner. Elle n’est pas très large, de 50 à 100 pieds, mais à certains endroits elle à 10 pieds de profondeur. Il ya a un léger courant et l’eau est chaude. Je tiens à te dire que nous en profitons. Les Allemands aussi en profitent! Avec la belle température que nous avons depuis une semaine, c’est toujours plein sur les bords de la rivière. »

Rapidement l’armée envoie les plans de démobilisation avec un ingénieux système de points , car il faut que les hommes gardent le moral :

« Les plans de démobilisation ont été publiés dernièrement. Il est trop tôt pour voir comment çà marchera. Les premiers à partir sont ceux qui signeront volontaire pour la Birmanie. Lorsque la fin de la guerre a été annoncée, on nous disait qu’ils devraient partir dans la même semaine, mais il n’y a encore rien de fait. Le système de points pour la démobilisation alloue 20% de plus pour ceux qui sont mariés, alors çà va remonter mon pourcentage! »

La « première » fête des Mères est un moment pour redire son amour à sa femme et avoir une pensée pour tous ces couples qui ne pourront plus être réunis … :

"C’est la première fête des Mères pour toi et j’en profite pour te redire toute mon admiration et mon amour. ….Maintenant que la guerre est finie et que ce n’est plus qu’une question de temps pour être réunis de nouveau, ma pensée se reporte souvent vers toi et Simon et j’ai bien hâte de vous serrer tous les deux dans mes bras. ….
Je n’ai pas couru autant de dangers que ceux qui ont été au front longtemps, mais je puis t’assurer que nous sommes chanceux d’avoir la perspective d’être réunis prochainement, car il y en a beaucoup que ne seront pas réunis! »


Le courrier commence à rattraper les hommes, les hommes reçoivent 30 lettre en même temps.. Les hommes sont toujours en attente et en devoir :

« Toute l’artillerie de la division a eu une parade ce matin devant le Lt-Gen. Simonds, Commandant du 2ième corps. Il a fallu se lever de bonne heure, à 5 heures, et nous sommes revenus juste à temps pour diner. »

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 A1593711
Une photo prise à la même époque de ce Lt Gen. Simonds lors d'une autre parade.

Plus de détails concernant la démobilisation canadienne, quelque chose auquel les hommes s’accrochent pour une « date » de retour au pays. 20 jours après la fin de la guerre, c’est surement quelque chose qui avait été planifiée depuis longtemps.

« Les nouvelles au sujet de la démobilisation arrivent peu à peu. Ceux qui ont passé 3 ans et plus outremer vont être les premiers à être retournés au Canada avec ceux qui s’offrent comme volontaires pour la Birmanie. Ce qui restera va être démobilisé par division dans l’ordre de leur arrivée outremer, et dans les divisions, dans l’ordre d’arrivée outremer des différents régiments. Comme la 4ième division dont je fais partie est la dernière arrivée outremer, nous allons être parmi les derniers à partir, ce qui nous mettrait vers octobre ou novembre. »

Peut-être voulaient-ils ne pas répéter les erreurs de la Grande Guerre et des émeutes sanglantes des démobilisés canadiens d’après guerre. Extraits du musée de la guerre à Ottawa.

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Kimnel10
Émeutes à Kinmel
Des soldats canadiens marchent dans les rues de Kinmel, inspectant les dégâts à la suite des émeutes de mars 1919. En 1918 et 1919, il y eut 13 cas de troubles dans des camps de rapatriement outre-mer. C'est à Kinmel Park que les pires eurent lieu, provoquant la mort de cinq personnes. Nombre de magasins furent détruits par des soldats frustrés à cause des prix élevés et de la mauvaise qualité des produits.


Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Kemnel11
À la suite de l'émeute
Des soldats posent devant un magasin endommagé où l'on avait vendu du tabac, de la papeterie, des bonbons et d'autres produits aux soldats à Tin Town, à Kinmel Park. Tin Town était constitué de magasins et de pubs se trouvant près des casernes. Les soldats se plaignaient des prix élevés. Beaucoup n'avaient pas été payés depuis des semaines.

Lien du Musée : http://www.museedelaguerre.ca/cwm/exhibitions/guerre/home-f.aspx

Très intéressant lien d’un film de l’ONF : http://www3.onf.ca/ww1../apres-guerre-film.php?id=531545

De retour en mai 1945, Il ne fera pas partie de l’armée d’occupation qui est sur une base « volontaire » et mon lieutenant s’est porté « volontaire » pour un autre genre de mission :

« C’est la 3ième Division qui va prendre charge de l’occupation, alors ceux qui sont dans cette Division comme A…… vont avoir de belles jobs s’ils veulent rester, mais c’est volontaire pour l’Armée d’Occupation.
Pour ma part j’ai signé ma formule aujourd’hui m’offrant comme volontaire pour retourner au Canada! »


Ses temps libres lui permettent d’écrire presque quotidiennement à son épouse. Il donne ses impressions générales sur la guerre :

« Vous pouvez vous compter bien chanceux d’être en Canada et de ne pas avoir eu la dévastation que nous avons vue ici. Villes et villages brulés et rasés au sol, vieillards, femmes et enfants sur les routes trainant dans des charrettes le peu de bagage qu’ils ont pu sauver. Les Allemands ont appris à leurs dépens ce que c’est que la guerre et ne l’oublieront pas de sitôt. »

Ses voyages dans cette région allemande, lui fait vivre cette situation presque surréaliste : affraid

« Je suis allé hier dans une région où nous n’étions pas encore rendus lorsque la guerre est finie. Il n’y a pas de dévastations excepté les ponts détruits, les gares et autres objectif du même genre, et nous avons vu un régiment allemand complet en charrette trainées par des chevaux se rendant d’eux même à un camp de concentration. A certaines intersections de routes il y a encore des « Provost » allemands qui dirigent le trafic, avec la mitrailleuse sur l’épaule! Ils nous font un beau salut lorsque nous passons! »

En tant qu’officier il aide au moral des troupes par des dons grâce aux paquets qu’il reçoit du Canada:

« J’ai donné les 2 boites de pêches au cuisinier et il va nous faire des dessert, tout les officiers qui reçoivent quelque chose à manger le donnent au cuisinier, alors j’ai pensé faire ma part avec ces 2 boites de pèches. »

Il discute d’un déménagement prochain en Hollande pour l’attente du retour au Pays.

« Il y a toutes sortes de rumeurs à l’effet que nous devons déménager prochainement en Hollande. Un bon nombre d’unités sont déjà rendues. J’ai bien hâte, car je vais pouvoir rencontrer des amis. »

Il discute de l’envoi de troupes « fraîches » pour l’occupation :

« …Il est certain qu’ils vont être obligés de traverser d’autres troupes pour l’occupation, car ceux qui ont été assez chanceux pour passer à travers toute la Campagne ont bien hâte de retourner chez eux, et il est bien probable qu’ils n’auront pas assez de volontaires ici pour l’Armée d’Occupation. »

De plus j’ai appris que pendant qu’il était en Belgique dans les derniers jours de la guerre, il était dans la région de la ville de Gand.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gand

C’est le déménagement d’une Division vers la Hollande et l’accueil des hollandais:

« Je t’avais laissé prévoir dans mes lettres précédentes que nous allions déménager en Hollande. Nous avons déménagé hier, alors j’ai été pas mal occupé jeudi et vendredi, et hier nous nous sommes levés à 3.30, sommes partis à 5.30 et sommes arrivés à destinations à 9.30! Toute la division a déménagé par le même convoi, alors tu peux imaginer un peu la longueur du convoi. Lorsque nous sommes arrêtés pour manger, c’était juste après avoir passé la frontière de la Hollande, et les habitants nous ont dit que ca faisait 5heures qu’il passait des camions, des tanks etc., et il y en avait probablement pour 1 heure ou 2 après nous. Partout en Hollande les gens étaient le long du chemin et nous jetaient des fleurs, nous saluaient de la main et ciraient. C’était tout comme si nous avions été les premières troupes à passer là.
L’installation dans une petite ville et le côté cocasse de faire son devoir de Catholique en …hollandais.
« Ici nous sommes installés dans une petite ville. Les officiers et les sergents logent dans les maisons privées. Pour ma part, j’ai une bonne chambre, petite mais très propre et un bon lit.
…. Il y a une église catholique ici et je suis allé à la messe à 10 ½ ce matin. C’était la grande messe et j’ai attrapé un sermon d’une demi-heure en hollandais! La seule chose que j’ai comprise c’est la phrase en latin qui était le sujet du sermon! »


Les relations canadiennes avec les Hollandais sont plus qu’amicales. Durant la guerre le Canada a accueilli la famille royale Hollandaise. La Hollande depuis la remercie en lui fournissant les tulipes qui ornent le devant du Parlement canadien à Ottawa. Un évènement à ne pas manquer au printemps. C’est de toute beauté croyez-moi.

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Pt272911
Une photo prise sur le site du Routard

Si certains vétérans québécois meurent presque dans l’indifférence, quand ces derniers survivants retournent en Hollande ils sont toujours accueilli en héros, un des plus fameux:

http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9o_Major

Enfin mon lieutenant reçoit un congé bien mérité, le dernier date de l’automne 44…

« Je suis en congé depuis ce matin. Nous sommes partis du Régiment ce matin et sommes arrivés cette après midi à Nijmegen. Nous prendrons le train ici demain matin à 5 heures pour nous rendre à Bruxelles. Le voyage fut assez monotone aujourd’hui, mais nous avons été chanceux car les routes étaient belles.

Il s’inquiète du délai de rapatriement des soldats… et de la façon d’occuper les hommes, mais lui il a trouvé projet original:

« Notre programme d’ici à notre retour en Canada est assez difficile à prévoir, mais il semble bien que nous ne ferons pas grand’chose. Le plus grand problème va être de tenir les hommes occupés. Nous ne sommes arrivés en Hollande que samedi soir, alors il est encore difficile de prévoir quelles seront possibilités de distractions là. Je pourrai t’en donner plus de détails plus tard, mais il y a une chose que je me propose de faire, c’est d’apprendre le Hollandais. »

C’est terminé pour le mois de mai. Je suis un peu triste de savoir que mon lieutenant aura peu participé aux combats, car il est un très bon conteur, et cela a été passionnant de le suivre en avril et mai 45 dans ses lettres. D’un autre côté il a été moins en « danger » et je suis heureuse qu’il aie pu retourner au Pays et s’impliquer de façon active dans sa communauté.

A bientôt pour juin 45, Bruxelles et les passe-temps en Hollande.
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMar 6 Nov 2012 - 21:56

Rebonjour pour la suite de la correspondance de mon officier d’artillerie canadien pour le mois de juin 1945.

Sa correspondance en lui et son épouse est faite de commentaires allant de la vie au Canada (il y a eu des élections fédérales), à sa ville (il parle de son père et de son travail « civil » ) et des photos de son garçon (car le courrier arrive maintenant régulièrement) et ses activités dans l’armée. Une vingtaine de lettres à retranscrire! Mon lieutenant était en verve. Laughing

Début juin 45 par un voyage à Bruxelles, si il décrit peu la ville il fait mention des prix à la consommation :

« A Bruxelles nous sommes allés à l’Hôtel Atlanta, réservé pour les officiers en congé. Ça coûte 30 francs par jour ($0.75), et c’est un des plus beaux hôtels à Bruxelles. Les repas sont très bons, et il y a une très belle salle de danse. Il y a une dame qui s’occupe d’avoir des jeunes filles pour danser avec les officiers; elles sont très bien, et pour enlever toutes idées à ceux qui en auraient, nous ne pouvons pas aller les reconduire! Il y a des tours organisés pour visiter la veille avec des guides, et c’est très intéressant. Il y a aussi un magasin où l’on peut acheter des souvenirs. Je t’ai fait envoyer de là une paire de petites sabots et un mouchoir avec un tour de dentelle. Il y avait là des dentelles belges, mais les prix n’étaient pas abordables. Je t’ai aussi acheté d’autres souvenirs que je vais t’expédier d’ici. J’ai passé un congé très beau et très intéressant. La seule chose c’est que ce n’était pas assez long. Les prix sont très modérés à l’Hôtel Atlanta et dans toutes les organisations contrôlées par l’Armée, mais sont très élevés dans les cafés et les clubs civils. »

Et son courrier en retard lui est enfin livré : 19 lettres! Je comprends que ce retard était dû aux mouvements rapides des troupes alliées durant les derniers jours de la guerre.

Et a trouvé ce qu’il voulait pour occuper ses temps libres :

« Je me suis acheté à Bruxelles des livres pour apprendre le Hollandais et je vais commencer avec les gens de la maison. »

Grâce à sa volonté d’apprendre le hollandais, les relations avec ses hôtes deviennent plus cordiales :

« Les gens de la maison sont très gentils pour moi maintenant. D’abord ils étaient réservés et froids; maintenant ils m’invitent à prendre une tasse de café avec moi le soir, et m’offrent de faire mon lavage et le pressage de mes habits, çà va faire une différence pour le lavage avec le lavaddes des « batinen ». Est-ce du hollandais?
"Comme le café qu’ils ont n’est pas bon, je leur ai donné le café et le sucre que tu m’as envoyés; je te dis qu’ils étaient contents, et avec ça, je vais être correct pour une bonne secousse, à part ça, j’ai mon café tous les soirs. »

À la demande de sa conjointe il raconte sa journée de la fin de guerre :

« Tu me demandais dans ta lettre du 6 mai où j’étais lors de la capitulation. Nous étions
dans un village dont je ne me rappelle pas (je te l’enverrai), à 15 milles au nord-ouest d’Altenbourg et à environ 30 milles du sud de Wilhelmshaven. Nous avons traversé lorsque je suis arrivé en action le « Kusten Canal ». Les Allemands se sont « astinés » pas mal là et pour environ une semaine après, après cela, nous n’avons pas eu beaucoup de résistance. Nous sommes avancés du « Kusten Canal » jusqu’à un lac « Bad Zwishenah », où il y avait un bel endroit de villégiature, le panorama de la ville a été un peu « altéré; mais on s’y reconnait avec les photographie que nous avons trouvées dans les maisons. C’est une région très fertile, et les fermiers avaient de gros troupeaux. Ce n’était pas un bon terrain pour les tanks, et la 4ième Division est une division blindée, alors c’était un joli mal de tête. Je voulais voir « quelque chose » et j’en ai vu. J’aurais pu en voir plus, mais je suis satisfait.
Tu me parles des acclamations des foules à l’annonce de la victoire et des démonstrations. Comme je te l’ai déjà dit, tout a été bien tranquille pour nous. »


Le 6 juin 1945 est le premier anniversaire du D-Day :

"C’est aujourd’hui l’anniversaire du D-Day. Ce jour-là, j’étais encore à Debert, et je me rappelle comment nous écoutions les nouvelles. Nous ne savions pas beaucoup comment tout ça marcherait, et comme j’étais à la veille de mon départ, nous ne savions pas ce que l’avenir nous réservait. C’est tout fini maintenant, et je m’en suis tiré sain et sauf ainsi qu’Addie, mais plusieurs de ceux que nous connaissions y sont restés. ….
Çà été un congé général partout ici et il y a eu une grande démonstration sur la plage où a eu lieu l’invasion une grande démonstration militaire à la mémoire de ceux qui sont morts ce jour-là.
Comme notre régiment est entré en action seulement en juillet, avec la 4ième Division, nous ne faisions pas partie de cette démonstration. »


24-12-12 'intègre une photo d'archive de la bibliothèque nationale du Canada sur ces fêtes en Hollande:

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 A1359810

et le lien

http://collectionscanada.gc.ca/pam_archives/index.php?fuseaction=genitem.displayEcopies&lang=fre&rec_nbr=3204004&rec_nbr_list=3213366,3222756,3227676,3379396,3396466,3396976,3397456,3586276,3199436,3204004&title=General+H.D.G.+Crerar+taking+the+salute+at+a+parade+of+the+3rd+Canadian+Infantry+Division+on+the+first+anniversary+of+D-Day%2C+Utrecht%2C+Netherlands%2C+6+June+1945.+&ecopy=a135986-v6&back_url=()

Les hommes ont besoin de se dérouiller et le Water Polo est un très bon sport et que les hollandais y jouent… très bien!:

« Nous avons ici une belle piscine en plein air, et j’ai été chargé d’organiser une équipe de nageur et de « polo aquatique » (water polo). Nous avons pratiqué cet après-midi, et nous jouons vendredi soir contre une équipe de gens du village; nous allons probablement en attraper une bonne, mais nous nous reprendrons lors que nous aurons plus de pratique. C’est un jeu très fatigant, et j’étais à moitié mort lorsque je suis sorti de la piscine cet après-midi. »….
« J’arrive de la piscine où j’ai joué une partie de « water-polo », et je suis à moitié mort! Nous nous sommes fait battre 10-1, mais je crois que cà va venir avec un peu de pratique."


Une meilleure description de cette piscine :

"Je ne sais pas si je t’ai dit que nous avons une belle piscine en plein air ici. C’est un grand trou creusé ans la terre, et il y a une bordure en ciment. Il y a un ruisseau qui se jette dedans, alors c’est de l’eau courante. Il y a du gazon autour et c’est entouré d’arbres. C’est un très bel endroit et très fréquenté. C’est à 2 ½ milles du village, et il y a beaucoup de personnes qui doivent marcher, qui n’ont pas de bicycles, et c’est toute une bousculade pour avoir une place ans nos camions lorsque nous revenons. »

Il semble que l’armée ne vend plus le papier bleu « air mail » il demande à sa conjointe de lui en fournir… il répond aux questions de sa conjointe concernant au retour à la vie normale des européens. Il y fait une très belle description des conditions d’après guerre en juin 45 :

"Tu me demandes si les civils Alliés et Allemands reviennent à une vie normale. Il y a beaucoup ici en Hollande de personnes qui sont sans maison et qu’on transporte un peu partout pour leur donner un abri, comme par exemple les habitants d’Anaheim. Il y a beaucoup d’enfants de cette ville qui demeurent dans le village de NEEDE ici. Mais un peu partout ça revient à la vie normale. Ceux qui avaient été amenés en Allemagne pour travailler dans les usines sont à peu près tous revenus, ainsi que ceux qui s’étaient réfugiés ailleurs. Il n’y a presque pas eu de combat autour d’ici. Les chemins de fer ne fonctionnent pas encore de ce coté ci du Rhin et tout le transport se fait par route. Comme les civils n’ont pas d’essence ils restent chez eux, et nous fournissons les camions pour rapatrier ceux qui ont été déplacés. Les canaux sont à peu près tous bloqués par des ponts détruits, alors ce moyen de transport là ne fonctionne pas aussi. Cà va prendre plusieurs années avant que tout soit réparé. J’ai vu Anaheim; j’y suis passé 3 fois. Il y a la moitié de la ville complètement en ruines, pas une seule maison habitable. Le reste est pas mal endommagé mais un bon nombre de maisons sont habitables et on les répare. Les 2 grands ponts pour la route et le chemin de fer ont été détruits, et les ingénieurs ont bâti 2 grands sur pontons pour le trafic dans les 2 sens. Il en passe un trafic sur ces 2 ponts c’est une file continue de camions qui se suivent « bumper à bumper » jour et nuit. Tous les approvisionnements de la 1ère Armée Canadienne passent sur ce pont. Il y a une branche du Rhin qui passe à Anaheim, (je ne rappelle pas le nom) et une branche à Nijmegen, la « Waal ». Ils ont sauvé le pont de la route à Nijmegen, et le trafic dans les 2 sens passe sur ce pont. Il a été endommagé un peu, mais réparé. Il en passe du trafic aussi sur ce pont. Partout à partir de la France on peut compter les ponts qui n’ont pas été démolis. En Allemagne il y a beaucoup plus de destruction qu’en Hollande. Lorsque nous restions 2 ou 3 jours au même endroit nous pouvions voir les civils qui s’étaient sauvés dans les bois revenir avec leur petit paquet sur leur dos ou dans une brouette. Dans la partie où nous avons été (passé 3 semaines), il n’y a pas eu de combat alors les gens ne se sont pas déplacés; ils en ont été quittes pour la peur, et comme c’est une région agricole, la vie était à peu près normale. Ils manquent cependant de certaines choses, comme le thé, le sucre, tec. J’ai eu de civils allemands 20 douzaines d’œufs pour une demi-livre de thé! J’aurais honte de faire un marché pareil ici. On dit que la situation est beaucoup meilleure maintenant à Amsterdam, Rotterdam, et autour, mais partout on peut avoir des prix fous pour les cigarettes, le chocolat, le savon tec. C’est la même chose en Belgique et en France. »

Morale de l’histoire, arrêtez de fumer. lol!

L’armée le réquisitionne pour une tâche spéciale qui utilisera bien ses compétences civiles:

« Cà fait 2 jours que je vais à Almelo avec 3 autres officiers du Régiment pour suivre un cours sur les lois de Réhabilitation des Vétérans. J’y retourne encore demain. La semaine prochaine je vais avoir à tout expliquer cà aux hommes. C’est très bien arrangé, et cà va donner une chance à tous ceux qui ont été dans l’Armée de se réinstaller dans la vie civile. …
… J’ai fini cet après-midi mon cours sur la réhabilitation, et je vais probablement avoir plusieurs cours à donner la semaine prochaine."


La fin de cette formation lui permet d’avoir un nouvel emploi dans l’armée d’après guerre :

« J’ai une nouvelle job maintenant; je suis « education officer » pour la Batterie. Il y a tout un programme pour la réhabilitation des soldats, et nous leur donnons des cours sur les différentes lois qui ont été passées pour leur aider. Nous leur parlons aussi des différents métiers et emplois qu’ils peuvent prendre. Ensuite il y aura des cours sur les différents sujets qu’ils choisiront ou pour les préparer à ce qu’ils veulent faire plus tard. Par exemple, ceux qui n’ont pas fini l’école ou le «high School » vont pouvoir prendre des cours sur certains sujets pour les dérouiller et leur aider à finir. »

Il a hâte à son retour au pays pour continuer une vie normale:

« Si nous avons les moyens plus tard, nous reviendrons ensemble et nous visiterons ensemble. J’aimerais tant être avec toi pour visiter partout où nous allons, pour pouvoir échanger nos impressions. Mais tu peux être sûre que la chose qui m’intéresse pardessus tout, c’est de retourner en Canada. Il est bien sûr que nous aurons d’argent à mon retour, c’est pourquoi je veux recommencer à travailler au plus tôt.
J’espère bien que la santé de Papa va se maintenir et qu’il va pouvoir suffire à l’ouvrage du bureau jusqu’à mon retour.
Tu me rappelles ce matin où nous nous sommes séparés à Truro. Il me semble te voir encore m’envoyer la main dans la fenêtre du notre chambre. Tu as été bien courageuse et tu peux être sure que cà m’a facilité la séparation. Lorsque nous serons de nouveau réunis, ce sera pour longtemps! »


Les dimanches peuvent être des journées de commémoration :

« C’est aujourd’hui dimanche. Nous avons eu une parade de l’église ce matin. Nous avons eu la messe en plein air dite par le Padre Catholique attaché à l’Artillerie de la division. Le service protestant a eu lieu dans le champ voisin, et après que tout a été fini, nous nous sommes formés tout ensemble, le Colonel a lu les noms de ceux du Régiment qui ont été tués, le Padre Prostestant a ensuite lu une prière, nous avons chanté une hymne et le clairon a joué le « last post » et le « Réveil ». Cà été une très belle cérémonie. Il y avait beaucoup de Hollandais du village autour du champ et ils ont été édifiés. »



Il apprend à connaitre le folklore hollandais :

« Cet après-midi il y a eu une espèce de fête champêtre. Il y a des groupes qui ont dansé des danses nationales hollandaises et il y a eu de chants. Les hommes et les femmes avaient des sabots et ils dansaient sur une plateforme en bois au milieu du champ. Leurs danses ressemblent à nos quadrilles. »

Sa conjointe lui pose de nombreuses questions sur ce qu’il faisait pendant qu’il était au front. Ici il fait référence au déminage en Allemange…. Et ses risques :

« Tu me demandes si les mines perdent de leur efficacité avec le temps! Elles deviennent plus dangereuses, parce qu’elles rouillent et les dispositifs de sureté ne fonctionnent plus. Je ne tiens pas à avoir la « job » de les enlever. Je suis loin de cet endroit maintenant, car ceci était avant que j’aille au front. Il n’y a pas de mines où nous sommes ici, et j’en suis bien content. Il y en avait beaucoup où nous étions en Allemagne, et j’ai eu la « job » de les enlever. J’ai enlevé environ 100 mines et j’en ai eu assez. »
Je voyais sur les journaux qu’il y a à date 98 ingénieurs anglais qui ont été tués en levant les mines sur les plages d’Angleterre!


Traversée du Canada vers l’Europe en juillet 44 :

« Tu me demandes sur quel bateau je suis traversé en Europe; je suis traversé sur « l’Empress of Scotland » qui était l’Empresse of Japan avant la guerre. C’était un très bon vaisseau, mais il était terriblement sale. Le « New Amsterdam » a pris notre place au quai lorsque nous sommes partis; nous aurions été beaucoup mieux sur le New Amsterdam. »

http://www.simplonpc.co.uk/EmpressOfScotlandPCs.html
http://en.wikipedia.org/wiki/RMS_Empress_of_Japan_(1930)


Traversée de l’Angleterre vers l’Italie en février 1945 :

« J’ai vu sur les journaux dernièrement le nom des 4 vaisseaux qui transportent les troupes canadiennes. L’un d’eux est le « Scythia ». C’est le vaisseau sur lequel je suis allé en Italie. C’est un vieux vaisseau, mais il était propre et confortable lorsque nous avons fait le voyage avec. Lorsque je suis arrivé en Angleterre nous avons débarqué à Gouroch, à l’embouchure le la Clyde, et c’est de là que nous nous sommes embarqués pour aller en Italie. Nous avions passé 5 jours dans le port avant de partir parce qu’il y a avait des sous-marins allemands dans l’embouchure de la Clyde. Lorsque nous sommes débarqués en Italie, nous sommes arrivés à Naples. »…
« En Italie, tu avais une bonne idée où j’étais, autour de Naples et de Salene; nous étions à 30 milles au sud de Salene, à EBOLI, la ville natale de Mussolini! Notre cours a été interrompu dans la troisième semaine, et nous sommes allés à AVELLINO, à l’unité de Renfort Canadienne en attendant de revenir en Belgique. Cet endroit est à l’intérieur, dans les montagnes, et c’est là que nous avons fait l’ascension d’une montagne « Mone de Santa Virgine ».


http://en.wikipedia.org/wiki/RMS_Scythia


Et la traversée de l’Italie vers la France en avril 45 :

"Lorsque nous sommes partis, mous nous sommes embarqués à Naples, sur le paquebot français « Ville d’Oran ». C’est un petit vaisseau, 10 000 tonnes, très confortable et très rapide, 25 nœuds, nous sommes restés une journée à l’ancre au large de Naples, car un vaisseau avait été coulé la veille au large de la Corse par des « E-boots », torpilleurs allemands opérant de Gênes; c’est la B.B.C. qui nous a annoncé cà pendant que nous étions à l’ancre, et nous devions passer au même endroit! Nous sommes partis le lendemain midi, sans escorte, sommes passés dans le détroit entre la Corse et la Sardaigne vers 1 heure du matin, avec toute nos lumières de course et sommes arrivés à Marseille le lendemain matin. Lorsque nous sommes passés dans le Détroit, je tiens à te dire que tous les canonniers étaient à leur poste! Nous avons passé une journée à un camp près de Marseille et nous nous sommes embarqués le lendemain sur un train de « box Cars » pour traverser la France. Cà nous a pris 3 jours et 3 nuits. Cà n’a pas été trop confortable parce que nous avons eu du beau temps, et nous avons pu voir la France assez bien. Nous étions 15 officiers dans un « box car » français, qui sont beaucoup plus petits que les nôtres, et nous avions juste assez de place pour étendre nos « sleeping-bag » sur le plancher la nuit. Nous sommes arrivés à Gand le matin de la traversée du Rhin, et nous avons vu passer toute la flotte de bobardiers et de « gilders ». »

J’espère que sa conjointe continuera de lui poser des questions intéressantes! lol!

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Train_10
Les box car français les fameux 40 hommes 8 chevaux.(Une association américaine de vétérans prendront la dénomination 40-8 pour leur association) Utilisé par 15 officiers WWII, 40 hommes WWI ou ont-ils été aussi utilisés par les Nazis pour transporter 200-300 juifs, les non-désirés du régime vers les camps de la mort.

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Train_11
Les Box car canadiens, comme il dit dans sa lettre ils sont plus grands

Très belle description de la région où il habite en Hollande et incident cocasse en camion lors d’une sortie:

« Nous avons eu une très belle température depuis que nous sommes ici, mais depuis quelques jours, nous avons des orages souvent. Cet après-midi je suis allé me baigner et nous avons eu plusieurs orages avec de la grêle. Entre les orages le soleil paraissait. Le chauffeur de notre camion l’avait stationné trop près du fossé et lorsqu’il a voulu repartir il a glissé dans le fossé, alors nous avons dû revenir à pied, une marche de 2 milles! Je suis arrivé à ma chambre juste comme l’orage recommençait.
Cette partie de la Hollande où nous sommes est très plate comme la Belgique et la partie de l’Allemagne où j’ai été, mais il y a beaucoup d’arbres. Les routes sont bordées de beaux grands arbres et la végétation est très belle. Je n’ai pas vu les fameux champs de tulipes; ceux-ci sont plutôt dans l’ouest de la Hollande; ici nous ne sommes qu’à quelques milles de la frontière allemande.
Les gens ici ne semblent pas avoir souffert de la guerre et de l’occupation allemande. Il n’y a pas eu de combat autour d’ici.
C’est une région agricole tout tour d’ici, et dans le village il y a une filature où ils fabriquent toutes sortes d’étoffe de coton; elle ne fonctionne pas encore. »

¸
A la mi-juin 45 c’est le départ du « matériel de guerre » et de « ses » canons du 15th mais les hommes restent en place :

« Nous avons eu la semaine dernière une revue de l’artillerie de la Division. Je n’ai pas pu y aller et je regrette beaucoup car on me dit que c’était très bien. Les véhicules et les canons du 15th étaient ceux qui étaient le mieux peints et qui paraissaient le mieux et de beaucoup. Nous avions eu 3 jours pour faire le peinturage de tout l’équipement, ce qui veut dire que les hommes ont travaillé de jour et de nuit. Nos canons et nos tracteurs partent demain et nous ne les reverrons plus. Avant longtemps il ne nous restera presque plus d’équipement et cà va être tout un problème pour tenir les hommes occupés. »

L’armée a prévu cela et l’on voit l’utilité des formations professionnelles que mon officiers organisera :

« Je n’ai pas eu le temps de t’écrire hier. Hier avant midi j’ai été occupé avec les affaires de l’éducation. Nous voulons commencer les classes pour les hommes lundi dans un certain nombre de sujets, et il faut leur faire remplir un long questionnaire sur ce qu’ils veulent faire lorsqu’ils retourneront dans la vie civile, quel degré d’instruction ils ont, et quels sujets il leur faut prendre. Je leur ai expliqué tout cà hier avant-midi, et ils remplissent le questionnaire ce matin. Cet après il va falloir que je les compile et que je fasse une liste de tous les cours; cà va probablement me tenir occupé tout l’après midi et toute la soirée, c’est pourquoi je profite de quelques moments libres ce matin pour t’écrire. »

En plus d’épreuves physiques :

"Hier après midi nous avons eu une éliminatoire entre batteries pour une équipe de « tank & field », courses, sauts en hauteur et en longueur, lancer du poids, etc. Il pleuvait un peu lorsque nous sommes arrivés au camp, et c’était plutôt froid. Nous avons attendu un peu et la pluie a cessé; le soleil a même paru un peu plus tard. Nous avons eu tout le programme et çà été assez intéressant. Les meilleurs des équipes des batteries formeront une équipe régimentaire pour concourir avec le reste de l’artillerie de la Division. »

L’armée offre un congé aux hommes de troupe sous la supervision des officier. Ils en profitent pour une visite éclair à La Haye :

« Il y a tout un quartier de La Haye complètement démoli par un bombardement de la R.A.F. en février ou mars. Il ne reste pas une seule maison debout dans ce quartier et il a dû y avoir beaucoup de perte de vies. C’est une très vieille ville et très intéressante à visiter avec un guide; c’est ce que j’ai l’intention de faire la prochaine fois. ….. nous sommes assaillis partout par des personnes qui veulent nous vendre toutes sortes de choses pour des cigarettes, cameras, bijoux en pacotille, vieilles pièces de monnaie, etc. Les cigarettes sont ont plus de valeur que l’argent là! »

Oh là là on reparle encore de ces fameuses cigarettes!

Fin juin 1945 , le mois se termine par une superbe soirée dansante au parc de RIJSSEN Hollande. Une description magique de l’évènement est faite par mon officier :

« Je t’ai écrit vendredi matin et je te disais que nous avions une danse pour les officiers de la 4ième Division le soir. J’y suis allé et c’est la première fois que je vois une organisation pareille. La danse avait lieu dans le parc à RIJSSEN. Ils ont bâti un immense plancher de danse en plein air avec une estrade pour l’orchestre au centre; à certains moments il y avait certainement 500 couples et le plancher n’était pas encombré. Il y avait partout des petites lumières de toutes les couleurs dans les arbres, jaunes, rouges, vertes, tec. Et autour du lac. Il y avait aussi quelques canots sur le lac mais je n’ai pas pu mettre la main sur un pour aller faire un tour! Car ils étaient très achalandés. Il ya avait sur les gazons des grandes tentes où on pouvait avoir des sandwiches, des « hamburgers », du café, etc. et aussi d’autres où on pouvait avoir toutes sortes de breuvages; il y en avait pour tous les gouts et en quantité! Sur le gazon au milieu des tentes il y avait des tables et des chaises ou on pouvait s’assoir et manger. A l’entrée du parc il y a un édifice assez gros qui servait de vestiaire. Il y avait des tapis de fibre partout dans les tentes et dans les principaux sentiers. L’organisation partout était parfaite, et la seule chose qui manquait était toi! Nous avions demandé des partenaires pour danser, mais nous sommes arrivés en retard, et ce qui restait n’était pas intéressant, alors nous avons voyagé d’un bord à l’autre, pris un coup, rencontré des amis etc. Vers minuit une jeune fille d’Almelo que j’ai rencontrée une fois il y a quelques semaines (elle est en charge d’un Comité qui s’occupe de trouver des jeunes filles pour les danses organisées par les militaires et je suis allé la voir pour avoir des jeunes filles pour une danse au Régiment) est venue me demander si je voudrais accompagner une de ses amies dont le partenaire n’était pas « très sobre » et elle l’avait perdu! J’ai fini la danse avec elle et je suis allé la reconduire chez elle. Elle est gentille mais très jeune; elle va encore à l’école! Nous sommes partis de là à 3 ½, et je me suis couché à 5 ½! Je me suis levé à midi hier. »

Trouvez des images de ce parc, fermez les yeux et essayez d’imaginer la scène… comme je le dis MAGIQUE.

A bientôt pour juillet 1945, ça fera 1 an qu’il a quitté le Pays. rendeer





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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMer 7 Nov 2012 - 0:13

merci pour les résumés de ses lettres Wink
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyJeu 8 Nov 2012 - 2:58

Merci à tous ceux qui prennent le temps de lire. J'ai les 2/3 des lettres de transcrites. Il me reste donc de juillet à la fin décembre 1945. A la fin je mettrai les "statistiques": nombre de lettres écrites, le nombre de page et de mots. Avec word c'est facile.
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMer 28 Nov 2012 - 17:31

Bonjour pour la suite de la correspondance d’un lieutenant canadien durant la seconde guerre mondiale.

Juillet 1945, il y a 2 mois que la guerre est finie et nombre de soldats canadiens sont toujours sur le sol Européen. Mon lieutenant est toujours en Hollande près de la frontière allemande.

En juillet 1945 cela fera un an qu’il est séparé de son épouse. L’ennui s’installe et il y a moins de lettres écrites ce mois-ci. Heureusement pour moi… qui les retranscrit. Laughing

« Nous avons beaucoup de pluie depuis quelques jours. Cà vient par gros orages et il fait soleil entre les orages; c’est aussi plus frais. J’espère que cà va changer prochainement, car cà commence à être plate. »
« ….. Cà fera un an demain que nous sommes séparés. Cette année là a été bien longue, et combien de temps devrons-nous attendre encore avant d’être réunis. Si je traverse avec le Régiment, je ne serai pas en Canada avant Janvier ou Février 46. »


D’ailleurs il ne se trompera pas sur la date du retour.

Pour des conscrits canadiens cette attente est trop longue et il y a des émeutes qui ne sont pas sans rappeler celles de 1919 (morts en moins). Mon officier a des craintes sur les conséquences de ceux majoritairement qui restent dans le droit chemin :

« … ce que la bande d’imbéciles à fait à Aldershot n’est pas pour arranger les choses! Ce qu’il y a de plus enrageant, c’est qu’on nous rapporte que les coupables sont des conscrits arrivés du Canada depuis quelques mois seulement, et non ceux qui sont partis du Canada depuis 4 ou 5 ans. …... A part cà, ils vont probablement nous cantonner dans quelque coin perdu de l’Angleterre où il n’a rien à casser, tandis qu’à Aldershot il y a un train toutes les demi-heures pour Londres, et cà prend ½ heure pour se rendre! »

Un extrait d’un livre écrit sur le sujet :

http://books.google.ca/books?id=RMC4yMZpbdUC&pg=PA195&lpg=PA195&dq=aldershot+%C3%A9meutes+5+juillet+1945&source=bl&ots=8Uo4Q48a8B&sig=KwvyZX5nMY8d_21U6suZkEvgVO4&hl=fr&sa=X&ei=ECW2ULLWPIPL0AG_2IDYAg&ved=0CDIQ6AEwAQ#v=onepage&q=aldershot%20%C3%A9meutes%205%20juillet%201945&f=false

Il ne se gêne pas de critiquer la lenteur du rapatriement:

« J’ai reçu hier ta lettre du 5 juillet. Tu me dis que tu espères que je serai revenu pour le 29 octobre! Comme cà va actuellement, si je ne suis pas rapatrié pour raisons spéciales ….., je ne serai pas en Canada avant janvier 46! Ils trouvaient des bateaux pour nous traverser, mais ils n’en trouvent pas si facilement pour nous ramener! Lorsque je reviendrai, S… marchera probablement et il commencera à parler. Enfin ne nous préoccupons pas trop pour le moment, cà s’arrangera peut être mieux que nous ne le prévoyons. »

Il a trouvé un moyen de rendre l’attente intéressante pour son épouse :

« …Tu peux maintenant suivre sur la carte où je suis et où je va; c’est plus intéressant que lorsque j’étais en Angleterre et en Italie, où je ne pouvais pas te dire grand’chose à cause de la censure. »

Pour mon lieutenant son quotidien se résume aux tâches que l’armée lui demande :

1-Chauffeur de camion pour servir de « taxi » aux hommes de troupe :

« Vendredi soir j’ai été obligé d’aller à Enschede avec un « liberty Truck » »……
« Jeudi soir je suis allé à Enshede avec un camion de gunners et j’ai été accroché pour la même chose hier soir. Celui qui devait y aller est parti, et j’étais le seul officier autour! »


Sur internet j’ai vu qu’un liberty truck faisait référence à un camion de la première guerre!!!??? Ou il y en a eu d’autre pendant la 2 ème guerre.

2-Orderly officer pour la visite d’une demi heure! du ministre Ian McKenzie :

« Je suis Orderly Officer aujourd’hui et j’ai été pas mal occupé. Nous avons eu cet après-midi la visite de l’Hon. Ian Mc Kenzie, Ministre de je ne sais quoi. Il a fallu que je voie à ce que tout soit en bon ordre pour sa visite. Cà a été du trouble pour rien, car il est resté à peine une demi-heure. Tout le monde était occupé à faire des spots, etc., et il est probablement resté sous l’impression que nous étions très heureux ici et que nous n’avons pas du tout hâte de retourner en Canada. … »

3-Professeur de français

« …j’ai 2 heures de classe demain matin, de 9 à 11. J’ai 2 heures le mardi, le jeudi et le samedi. Il y a une de ces classes là qui est assez avancée; ils savent du français à peu près parfaitement; la seule chose qui leur manque c’est la pratique. Nous avons un volume avec un texte français, des explications de grammaire, et un peu de vocabulaire. Je fais lire à chacun quelques paragraphes, je le relis après eux et leur signale leur erreurs de prononciation, et ensuite je le leur fais traduire en anglais pour voir s’ils comprennent bien ce qu’ils lisent; ils ne perdent pas grand’chose et ils ont souvent des questions assez embêtantes sur la grammaire. L’autre classe est moins avancée, et je ne peux pas aller aussi vite, mais je crois que cà va leur profiter. »

nouvelles glanées sur différentes connaissances de l’armée

« Son Roger est allé au Canada pour un congé de 30 jours l’hiver dernier ou au printemps ….. J’ai vu dernièrement qu’il a été décoré (croix Militaire ou D.S.O.). Il a descendu en parachute en France longtemps avant l’invasion. »…
« La 3ième Division qui est rendue en Allemagne pour l’occupation n’est pas celle d’A…. C’est une nouvelle division qui a été formée pour l’occupation, et elle porte le numéro 3, mais il y en a deux maintenant qui portent le no 3, … »


Et à ses obligations de bon chrétien, un vrai parcourt du combattant pour trouver un office.
« Ce matin je devais aller à la messe de 8 heures avec S….et je me suis levé trop tard. Je voulais aller à la messe de 9 ¼, et en arrivant à l’église j’ai vue que les heures de messes étaient changées, il n’y a plus de messe à 8 et 9 ¼ , mais une seule à 8 ½ et ensuite la grande messe à 10 ½ !
Le Signals officer était dans le même cas que moi, et il avait son jeep, alors nous sommes allés à Borculo et Ruurlo pour essayer d’avoir une messe à 9 ½, et nous avons accroché une grande messe à Borculo à 10 heures. Nous avons sauvé ½ heures! »


Ses commentaires sur la beauté des femmes hollandaises et allemandes et les préjugés véhiculés…

« Les Hollandaises sont plutôt blondes avec leurs yeux bleus, grandes et bien bâties; elles sont assez jolies. Les Allemandes sont aussi blondes, mais sont plus grosses que les Hollandaises; on nous a pas mal toujours représenté les allemandes comme plutôt laides, mais je puis t’assurer qu’il y en a de très jolies, et ca complique le problème de non fraternisation pour les troupes d’occupation! »

A la découverte de nouveaux mess d’officiers, la guerre est ses horreurs n’est jamais bien loin…

« … Cet après midi nous sommes allé à un nouveau Club d’Officier ouvert dernièrement à Almelo, « The Green Pastures » (les pâturages verts). C’était la résidence d’un industriel d’Almelo. C’est une espèce de château avec de magnifiques parterres autour. Il porte bien son nom, car il y a beaucoup d’herbe verte autour… »
« C’était la résidence privée d’un industriel d’Almelo avant la guerre; c’est une espèce de château avec d’immenses jardins, parterres, étangs, etc. Au commencement de la guerre le chef du parti nazi en Hollande en a pris possession pour sa femme, et lorsque nous sommes arrivés nous l’avons pris pour faire un club, alors tout a toujours été bien entretenu et est comme avant la guerre. La fille du propriétaire était avec nous hier soir, et nous a tout expliqué. …. Un de ses frères a été pris comme otage par les allemands pendant la guerre et a été exécuté. »


et leurs soirées dansantes sur 2 jours! Shocked :

« Je ne t’ai pas écrit depuis lundi! Comme je te le disais dans ma dernière lettre, nous avons eu une danse à notre mess lundi soir.
J’avais invité celle dont je t’ai déjà parlé que j’avais rencontré à Almelo. C’est une maitresse d’école et elle parle bien anglais. Je suis allé la chercher l’après midi, ver 5 heures, et je l’ai amenée souper au mess. La danse a commencé vers 8 heures et a été très bien. Nous avions un très bon orchestre. La plupart des autres filles étaient des garde-malades (nursing-sisters) des hôpitaux de Nijmegen et autour d’ici. ….. Je suis allé reconduire ma maitresse d’école vers 1 ½, parce qu’elle avait sa classe le lendemain, mais la plupart des autres femmes sont restées pour le lendemain; nous avions réquisitionné 2 hôtels dans le village voisin pour elles. Nous étions supposés avoir un « garden party » à la piscine le lendemain, mais il pleuvait, alors nous sommes restés au mess et avons eu le diner et une vue l’après midi. Les femmes qui étaient restées sont parties vers 5 heures pour retourner chez elles. Cà a été un très beau party et tout le monde s’est bien amusé. »


Les permissions et les voyages toujours intéressants

« Je pars demain matin pour passer 2 jours au Cendre de Congé de l’Artillerie de la 4ième Division près de La Haye, sur le bord de la mer. On dit que c’est très bien. Je t’en donnerai des nouvelles. »

Je mets en intégral une lettre complète, ce qui représente bien la façon dont il écrivait… Cette lettre vaut le détour.

-168- 21 juillet 45
Mon cher petit amour.
J’arrive de mon congé de 2 jours à « NOORDWIJK AAN ZEA ». C’est un endroit magnifique, et je me suis bien amusé. C’est toutefois un très long voyage pour se rendre là, environ 5 heures en camion, car c’est à 15 milles au nord de la LaHaye.
Nous sommes partis vers 10 heures le matin et nous sommes arrivés là vers 3 heures de l’après-midi; S….. était avec moi, et nous avons rencontré P... M…. qui partait. En arrivant, on nous a donné nos chambres, et nous sommes ensuite allés nous baigner à la mer. Il ventait assez fort, et ce n’était pas très chaud sur la plage, mais l’eau était chaude. La plage est très belle, très longue et en beau sable.
Nous logeons dans un magnifique hôtel d’été dont l’Armée a pris le contrôle. L’Hôtel s’appelle « HUIS TER BUEN » qui veut dire « maison sur les dunes ». La montée tout autour est plate, mais à cet endroit là il y a des dunes sur le bord de la mer, et l’hôtel est bâti sur la plus haute partie des dunes.
Cet endroit était un des endroits de villégiature les plus fréquentés de la Hollande; ce n’est qu’à 15 milles de La Haye et à environ 25 milles d’Amsterdam. Il y a d’autres hôtels, mais ils sont fermés; l’un d’eux doit ouvrir la semaine prochaine pour les civils. Il y a aussi de magnifiques maisons d’été dont la plupart sont fermées. La Reine Wilhelmine y a un château, et elle doit y venir la semaine prochaine.
Tout le long de la côte il y a des fortifications, et surtout dans la partie où il y a des dunes. Il y a un groupe de prisonniers allemands qui sont à les défaire, mais cà va leur prendre du temps. La plage était pleine d’obstacles, de fils barbelés et de mines. Les prisonniers en ont débarrassé environ un demi mille de plage en face de l’hôtel et de chaque côté, et six d’entre eux ont été tués par les mines. Ils sont actuellement à défaire les murs de ciment qui gênent la circulation, mais il y a probablement des milles et des milles de murs de ciment, de souterrains, postes d’observations, forts, etc. qui vont rester là comme souvenirs de la guerre, et comme une attraction. A l’hôtel il y a de la danse le soir, et il vient des jeunes filles d’Amsterdam, Haarlem, La Haye, Rotterdam et autour. La danse finit à 1 heure et elles s’en retournent chez eux en camions.
La deuxième journée dans l’avant-midi, je suis allé en yacht à voile sur un lac et un système de canaux qu’il y a pas très loin. Il faisait une grande brise et nous avions un très bon yacht; j’ai bien aimé cà. L’après midi je me suis encore baigné; la mer était très grosse et cà me rappelait lorsque nous nous baignions à M……. Le soir, hier soir, nous avons encore eu une danse, et nous sommes repartis ce midi.
Bonsoir mon petit amour. Je t’embrasse bien fort. Amitiés à tous. Embrasse S… pour moi. A….


AJOUT : LES SCANS DE LA LETTRE:
Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Xxx_1910
Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Xxx_1911

L’Hôtel existe toujours

http://www.zeemotelzeezicht.nl/index.en.html

La carte

http://maps.google.ca/maps?hl=fr&bav=on.2,or.r_gc.r_pw.r_qf.&bpcl=38897761&biw=1680&bih=916&wrapid=tlif135411720251110&q=NOORDWIJK&um=1&ie=UTF-8&hq=&hnear=0x47c5ea63aa902a2f:0x702f6686f8afb9ce,Noordwijk,+Pays-Bas&gl=ca&sa=X&ei=WzC2UPu2II_V0gGUqYDYBA&ved=0CEYQ8gEwAQ

Et un site sur le Musée et ce qu’ils ont conservé de la guerre. Très intéressant en image….

http://www.saak.nl/bunkertour/atlantikwall%20museum%20noordwijk/atlantikwall%20museum%20noordwijk%20en.html

Grâce à la numérotation des lettres j'ai découvert qu'il en manquait une en juillet.

Et en fin juillet 1945 enfin une permission de 9 jours (la première depuis octobre 1944!) pour visiter Paris et suivre des cours à la Sorbonne.

« Nous sommes arrivés à Paris à la Gare du Nord, et on nous a amenés en autobus à la Maison Canadienne, à la Cité Universitaire. En arrivant nous nous sommes inscrits et on nous a expliqué le programme du cours. Nous avons des conférences le matin sur différents sujets, et l’après-midi nous avons des visites.
Jeudi après-midi nous avons eu une visite en autobus et nous avons visité le Panthéon, l’église St-Etienne du Mont, Notre-Dame et Les Invalides. Nous avons vu à Notre-Dame les marques de balles et d’obus lors de libération de Paris, lorsque les F.F.I. se sont battus avec les Allemands dans Paris, et l’endroit d’où un collaborateur a tiré sur le Général de Gaulle lorsqu’il est entré à la messe d’action de grâces à Notre-Dame et les marques des balles de ceux qui ont tiré sur lui et l’ont tué.….
Dans ce tour nous sommes passés par plusieurs endroits célèbres de Paris, comme la Place de la Concorde et le Palais de Justice où se fait actuellement le procès du Maréchal Pétain.….. Vendredi matin nous avons eu une conférence par un M. Asselineau, Professeur à la Sorbonne, sur le mouvement de Résistance pendant l’occupation. Il parlait en connaissance de cause, car il était lui-même une des organisateurs du mouvement de rapatriation des aviateurs qui tombaient en France. Il nous a conté des histoires intéressantes. …. »
« … Nous avons eu des conférences ce matin, avons visité le Louvre cet après –midi, et je suis allé aux Folies Bergères ce soir! Je t’en donnerai des détails plus tard. »


Pas d’informations sur les histoires intéressantes de la résistance, mais il promet des détails sur sa visite des Folies Bergères, …ah les hommes. lol!

Un film de Paris 1944, c’est complètement fou…



A bientôt j’espère pour août 1945. rendeer


Dernière édition par CWAC le Dim 16 Déc 2012 - 16:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMer 28 Nov 2012 - 18:21

Sacré témoignage !

Je le mets en Post It, tiens.

Bravo à toi !
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyMer 28 Nov 2012 - 20:46

Merci pour le commentaire et surtout le "Post-it" c'est bien apprécié. Il me reste 64 lettres à retranscrire. geek Le tout se termine brusquement à la fin décembre 1945, dans sa dernière lettre il parlait d'un retour à la mi-janvier/ février 1946. Cela veut probablement dire que je n'ai pas les dernières lettres. Je suis retournée au salon des cartes postales cette année et essayé de retrouver mon vendeur de l'année dernière ou d'autres lettres. Peine perdue... Sad . Mais je me considère chanceuse d'avoir trouvé ce lot presque complet et des lettres écrites par un homme qui aimait bien raconter son histoire. Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 30243
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyDim 16 Déc 2012 - 18:54

Voici votre cadeau des fêtes : le mois d’août 1945.

Mon lieutenant est présentement à Paris. En avant midi il suit à la Cité Universitaire des conférences sur divers sujets, et l’après midi il fait du tourisme avec pour guide des jeunes universitaires. Il est tellement émerveillé que les mots lui manquent…. Un fait rare chez lui. lol!

Il a enfin trouvé un appareil photo et surtout des films et il prend des photos, dont exit les descriptifs.

On sent dans ces lettres à Paris que la ville peine à retrouver une « vie normale » d’avant guerre.

« Dimanche matin je me suis levé vers 8 heures, suis allé en ville, à l’Hôtel St-James changer de l’argent, et suis allé à la messe à l’Église du Sacré-Cœur de Montmartre à Midi. Je suis allé diner au Club des Officiers et l’après-midi je suis allé jouer au tennis et me baigner au « Racing Club » , dans le Bois de Boulogne. C’est un Club très exclusif et très chic et les officier alliés sont invités. Ils ont 32 jeux de tennis, une piscine, une piste de course de chevaux avec écuries, etc. Nous avons joué 3 sets de tennis et sommes ensuite allés nous baigner. C’était grouillant de monde dans la piscine et autour de la piscine. On s’aperçoit qu’il y a une grande disette d’étoffes à Paris, car les femmes n’en ont pas grand sur le corps! »

Est-ce l’invention du monokini ou du bikini avant le temps? Les conditions de vie des civils de Paris ne sont pas faciles en août 45:

"Samedi avant-midi (ce matin) je suis allé à la Bibliothèque Nationale et a la Monnaie avec Mlle Sehet, je l’ai amenée diner au Club des Officiers et nous sommes allés visiter le Parc de la Bagatelle au Bois de Boulogne cet après-midi. Nous sommes retournés souper au Club, et je suis revenu immédiatement ici pour me préparer à partir. C’est toute une aubaine pour les Parisiennes d’être invitées à manger au Club, car les rations civiles sont très pauvres et les prix du marché noir très élevés, de sorte que leur repas à la maison laissent beaucoup à désirer!"

Le rationnement des cafés parisiens :

"L’après-midi nous devions aller visiter le Palais de la Découverte et c’était fermé. Nous sommes allés au Musée de la Marine et c’était fermé aussi! Nous avons passé l’après-midi sur les Champs Élysées, à une terrasse de café sur le trottoir, à boire du jus de fruit (il n’y avait plus de bière et de vin). Je suis ensuite allé souper et je et je suis allé à l’opéra à 7.30. C’était Rigoletto, et c’était merveilleux. Les chanteurs étaient très bons et la mise en scène parfaite. L’intérieur de l’Opéra est d’une richesse inouïe, quant à l’extérieur, la façade est assez imposante… »

Capsule du temps de Paris août 1945 :

Cité Universitaire d’août 1945 :
« Lundi nous avons eu l’avant midi une conférence sur la Cité Universitaire et nous l’avons ensuite visitée. Il y a là des maisons des différents pays, comme la Maison Canadienne où je demeurais , la Maison des Provinces de France où résident les étudiants français qui ne demeurent pas à Paris, et la Maison internationale où il y a la Cafétéria, Bibliothèque, piscine, Salle de gymnastique, Salle de réception, etc.; il n’y a pas d’étudiants qui demeurent là. La Cité Universitaire pouvait loger avant la guerre 2 500 étudiants. Actuellement elle est occupée par les Américains excepté la Maison Canadienne qui est occupée par les Canadiens et la Maison des Provinces de France qui est convertie en Hôpital russe. »

Un hôpital russe? à Paris…

Les jardins de Versailles, les mots lui manquent pour décrire ce qu’il voit , les jardins souffrent encore de cette période de guerre:

« C’est impossible de te décrire tout çà en quelques lignes, mais tout ce que j’avais entendu ou lu sur Versailles est au dessous de la réalité. Les jardins sont très bien entretenus et les fleurs sont magnifiques. Nous avons marché dans les jardins pendant environ 3 heures et nous n’avons pas tout vu; c’est immense. Une chose qui manquait c’est les fontaines, les jeux d’eaux qui ne marchaient pas, et le grand étang qui a été asséché par les Allemands parce que c’était un point de repère pour les aviateurs. J’ai pris des photos que je t’enverrai. »

Les bombardements laissent encore leurs traces… sur les usines :

« L’après-midi nous avons eu une promenade en bateau sur la Seine. Nous sommes partis du Quai d’Orsay, sommes remontés passé l’Ile de la cité et sommes ensuite redescendus jusqu’à St-Cloud, aux usines Renaud, qui en passant ont mangé une maudite corde par la R.A.F. et R.C.A.F. Elles produisent actuellement 15 camions par jour! Ce fut un très beau et très intéressant voyage. »

En passant « manger une maudite corde »… de bois, c’est comme l’expression « volée de bois vert ».

Durant ce voyage à Paris et Bruxelles mon lieutenant commente le « look » 45 des parisiennes :

"Les Parisienne sont très jolies et gentilles, mais les Canadiennes les valent aisément. Une chose que je n’aime pas, c’est leurs coiffures. Elles ont toutes les cheveux arrangés 6 à 8 pouces de hauteur sur la tête. Si on leur passait la main dans les cheveux, il pourrait se produire un effondrement désastreux! Règle générale elles ne se griment pas beaucoup et s’habillent avec goût."

Et n’a qu’un seul regret :

« J’ai fait un très beau et très intéressant voyage à Paris, et j’aurais bien aimé que tu fusses avec moi pour admirer toutes ces choses. Nous aurons peut-être l’occasion de refaire ce voyage ensemble. »

J’espère trouver plus d’information concernant leur vie après la guerre et savoir si il a pu faire son voyage dans les « Europes » avec son épouse. Surtout que cette dernière passe un moment difficile :

« Tu m’annonces dans ta lettre du 30 juillet que tu entres à l’Hopital pour te faire opérer, et il y a sur ta lettre quelques lignes au crayon écrites après l’opération me disant que cà va bien. Je te souhaite prompt rétablissement et bon courage. Tu en as certainement passé des heures difficiles pendant mon absence…. »

Retour des soldats canadiens avec des bateaux « bondés » et un pari pour s’encourager sur la date du retour.

« Le «Stratheden » a accosté à Québec avec 4 500 soldats; le fleuve sera probablement gelé lorsque je traverserai; alors j’aborderai à Hllifax! Maman me suggère sur sa lettre de promettre $25 pour les Missions d’Afrique si je retourne avant Noël. Dis-lui que j’accepte sa proposition. Si les nègres sont capables de nous trouver des vaisseaux, ils sont meilleurs que King! »
Il n’a pas fini d’attendre, et d’autre aussi, car la première Division ne partira pas avant fin août 45…
« Bernadette attend-elle encore Albert pour la fin de juillet! Cette pauvre elle, je voyais bien quelle déception l’attendait, …… Je lui souhaite bien de traverser avant la 4ième Division. La 1ière Division qui, d’après le premier plan devait être rendue en Canada, ne partira pas de Hollande avant la fin du mois! »


Le navire

http://www.seadogs-reunited.com/Stratheden.htm

Ce que je remarque dans ces lettres, c’est que cette foule de soldats et officiers essaient de s’occuper comme ils peuvent par des activités offertes et courts congés entre leurs occupations quotidiennes qui ne représentent aucun défis pour eux. Je sens beaucoup d’ennnui dans ces lettres. Voici les activités offertes :

Pièces de théatres données par des troupes de l’armée :

"Je ne t’ai pas écrit hier soir. Je suis allé à une revue par une troupe de « Ensa » qui est avec l’Armée Canadienne depuis 4 ans. C’était très bon. Les 3 jeunes filles qui sont des anglaises dont l’une est mariée et les 2 autres fiancées avec des Canadiens sont charmantes et très bonnes. Elles sont venues à notre mess après la représentation et je n’ai pas eu le temps de t’écrire après."

Les compétitions sportives sont un bon moyen de canaliser l’énergie des officiers et soldats :

« C’est dimanche soir après souper. Nous avons eu cet après-midi des courses à la nage. Le Club de Neede avait ses courses pour le championnat de l’année, et ils nous sont invités à y prendre part. Nous avons gagné deux premiers prix et abaissé l’un de leurs records. »

Il décrit abondamment les voyages faits lors de courts congés :

« ….nous sommes allés à Soest chercher P…… G……. Lorsque nous sommes arrivés, il venait de partir pour aller faire de la voile à un autre endroit. Comme il était en camion, nous l’avons rattrapé après quelques milles et nous l’avons amené avec nous.
A….. avait réservé une chaloupe à voiles et nous nous sommes promenés sur le lac de 3 heures à 7 heures. Nous nous sommes aussi baignés. L’Armée Canadienne a près de ce lac le « Junior Officers’Yacht Club » et le « Senior Officers’Yacht Club ».
« Je devais partir pour Noordwijk mardi matin, mais nous sommes partis lundi après midi, de sorte que nous avons eu presque 4 jours au lieu de 3. La température n’a pas été très belle pendant que nous avons été là, mais il faisait une grande brise, et je suis allé en yacht à voile 2 jours. J’avais un très bon vaisseau les 2 jours, environ, environ 25 pieds de long, et qui marchait très bien. Nous étions de même groupe les 2 jours, 2 Hollandais en charge du vaisseau, la femme de l’un d’eux, un « gunner » sur le staff de l’Hôtel et moi. Nous restons sur un lac, car ce n’est pas sûr d’aller sur l’océan à cause des mines, et la vague m’est pas grosse, mais elle est coute et nous nous sommes fait royalement arroser. »


D’ailleurs, à son retour au pays, qu’il sera le membre fondateur d’un club nautique de sa ville. Si cet amour de la voile était choses courantes chez les canadiens anglais, ce ne l’était pas chez les francophone d’après-geurre.

Une autre « passe » de trois jours à Noordwijk qu’il apprécie beaucoup… et les hollandais aussi! :

« Comme je te disais dans ma dernière lettre, je suis parti pour Noordwijk hier pour 3 jours. Il fait très beau ici depuis dimanche et hier c’était une journée parfaite. Je suis arrivé à Noordwijk à 1.30 de l’après-midi, et j’ai passé l’après-midi à me baigner dans la mer et à me chauffer au soleil sur la plage. C’était très chaud et il ne ventait pas du tout. Cà me rappelait les belles journées d’été au bord de la mer à M… » son coin de pays au Canada. « Il y avait une de ces foules sur la plage. Le service de transport commence à être un peu meilleur en Hollande, et les Hollandais qui n’ont pas pu aller à la mer depuis 5 ans en profitent. Toute la côte ici était fortifiée et minée, et cà aurait été un suicide de s’y aventurer malgré la défense des Allemands.

Il aimerait y être avec sa conjointe :

« Je voudrais bien que tu sois ici pour passer ce congé avec moi. Noordwijk est un endroit idéal lorsque la température est belle; la plage est très belle et l’eau chaude, et l’hôtel est très confortable. Cà serait merveilleux de pouvoir passer une semaine ici ensemble! »

Photographie d’époque et lien
Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Noorvi10
http://www.flickr.com/photos/4kleuren/4588358143/


Et les fameuses fêtes dansantes dans différents régiments et ses suites…

« Comme je te le disais, je suis allé rencontrer A…. dimanche dernier. Je suis arrivé vers 11 heures et j’ai diné avec lui. Il avait l’air un peu fatigué, car ils avaient eu une danse au régiment la veille, et il s’était couché aux petites heures. Il accompagnait à la danse une comtesse de 19 ans!
…. nous sommes allés voir F….. qui est avec le reste du régiment. Il est maintenant Officier des Signaux. Il s’était couché aux petites heures lui aussi, et il ne pouvait pas venir avec nous l’après midi, parce qu’il fallait qu’il démonte l’installation électrique qu’il avait faite pour la danse. »


Une fin assez piquante…

« Hier soir je suis allé au Club des Officiers à Enschede avec des amis, et un revenant nous sommes allés à un party au messe des officier d’une autre batterie du régiment. Le party a été assez mouvementé et cà a fini vers 4 heures ce matin! Résultat : un officier s’est cassé la cheville en tombant dehors, pendant qu’il cherchait sa compagne partie avec un autre, et un autre officier s’est coupé le poignet à 2 places en voulant une fenêtre un peu brusquement et le médecin a dû lui faire 6 points de suture!
Nous étions trois pour aider au médecin à l’arranger, et c’est tout ce que nous pouvions faire de le tenir immobile
. Comme tu vois, nous nous amusons bien en Hollande! »


Chaperon et chauffeur désigné ou une fin de soirée très drôle….

« Hier soir, un major que je connais avait 2 jeunes filles avec lui, son amie et la sœur de son amie, alors il m’a demandé de joindre leur groupe. Celle avec qui j’étais est très gentille et j’ai passé une agréable soirée. Elles sont toutes deux de Rotterdam, mais passent une semaine à Noordwijk dans une maison de pension. Lorsqu’il a été question d’aller les reconduire après la veillé le major avait son jeep mais il commençait à avoir la vue embrouillée alors il m’a demandé si je pouvais les conduire. Pour ne pas se faire voler son jeep, il avait enlevé 4 ou 5 morceaux dans le moteur; cà m’a pris presqu’une demie-heure à les remplacer dans l’obscurité, et lorsque nous avons réussi à mettre le moteur en marche, je me suis aperçu qu’il n’y avait pas de lumières! Je les ai conduits chez elles sans lumières dans les rues tortueuses de Noordwijk. Lorsque nous sommes arrivés elles ont essayé à ouvrir la porte avec la clef qu’elles avaient, mais elle ne faisait pas! Nous avons dû retourner à l’hôtel chercher la clef d’une fille qui demeure au même endroit et qui était encore à l’hôtel, et nous sommes retournés, tout cà sans lumières. Je ne servais de mes deux yeux et de mes deux mains pour conduire! Nous n’avons rien frappé et nous sommes revenus sains et saufs. »

Il ne faut pas oublier les fêtes suite à la capitulation du Japon:

« …. je suis retourné à Noordwijk pour souper. Mercredi et jeudi soir, cà a fêté la Victoire assez rondement à l’Hôtel, et il était assez difficile de se lever le lendemain matin après s’être couché vers 4 heures. L’après-midi que j’ai été à Amsterdam, toute la ville était pavoisée et tout le monde était dans les rues. »

Quelques liens intéressants, Photographies

http://www.magnumphotos.com/Catalogue/Werner-Bischof/1946/GERMANY-1946-NN145689.html
http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=SearchResult_VPage&VBID=2K1HZO85QJND9&SMLS=1&RW=1663&RH=916

Site de documents divers sur la 2 ème guerre:

http://website.nbm-mnb.ca/mop/francais/ww2/dosearch.asp?all=true

Je fini le mois d’août 1945 par le passage de cette lettre empreinte d’une grande sagesse. Le peu de chose qu’il a vu de la guerre l’aura changé :

« Dans ta lettre du 16 tu me dis que nous faisons bien de nous reposer les yeux sur les belles choses qu’il y a en Europe, parce qu’à notre retour nous allons nous apercevoir que nos femmes ont vieilli et changé. Tu peux être sûre qu’ils sont bien rares ceux qui préfèreraient rester ici si nous pouvions traverser immédiatement. Nous nous attendons tous à trouver des changements en Canada et que ceux que nous connaissions auront vieilli et changé, comme nous nous rendons compte aussi que nous avons-nous même vieilli et changé. La guerre nous a appris que la beauté des choses et des hommes et des femmes est une chose très fragile et qui se détruit aisément. Nous avons vu bien des belles villes détruites et bien des hommes et de femmes en haillons et épuisés de fatigue qui avaient peut-être été beaux, mais qui ne l’étaient plus. Nous attachons donc moins d’importance aux apparences extérieur, et nous considérons plus ce que nos femmes représente pour nous, après avoir supporté toutes les inquiétudes de la séparation et tous les ennuis qui en découlent.
Bonsoir mon petit amour je t’embrasse bien fort. A….. »


Ça m’a fait penser à Antoine de Saint-Exupéry et cette fameuse citation dans le Petit Prince :

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 Lepeti10

A bientôt pour septembre 1945.

Sur ce, Joyeuses fêtes et bonne année 2013 et profitez de ces moments passés en famille ou avec des gens qui vous tiennent à cœur. rendeer
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyDim 16 Déc 2012 - 19:22

Je viens de tomber sur ton sujet et bravo pour la traduction post très intéressant !
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyLun 17 Déc 2012 - 13:22

Merci pour le commentaire Major421, en janvier 2013 pour septembre 1945. Un gros mois à retranscrire car il a écrit presque quotidiennement. Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 55429
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyLun 24 Déc 2012 - 19:48

En fouillant dans la bibliothèque nationale du Canada pour des photos prisent en Hollande en 45, je suis tombées sur 2 intéressantes dont une qui va surement en faire Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 295986
Et j'en prendrais quelques uns pour Noel!
Je laisse aux connaisseurs le loisir de découvrir tout les modèles saisis: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 459558

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 A1519210

http://collectionscanada.gc.ca/pam_archives/index.php?fuseaction=genitem.displayEcopies&lang=fre&rec_nbr=3211670&rec_nbr_list=3194761,3199591,3202161,3405701,3396290,3240700,3229450,3211670,3199980,3396980&title=Privates+J.A.+Taylor+and+J.D.+Villeneuve+of+the+Royal+Canadian+Regiment+with+a+stack+of+helmets+turned+in+by+surrendering+German+soldiers%2C+IJmuiden%2C+Netherlands%2C+11+May+1945.+&ecopy=a151926-v6&back_url=()

Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 A1519211

http://collectionscanada.gc.ca/pam_archives/index.php?fuseaction=genitem.displayEcopies&lang=fre&rec_nbr=3211669&rec_nbr_list=3205117,3230697,3405827,3524407,3524597,3386027,3199709,3200839,3204479,3211669&title=Privates+J.A.+Taylor+and+J.D.+Villeneuve+of+the+Royal+Canadian+Regiment+stacking+rifles+turned+in+by+surrendering+German+soldiers%2C+IJmuiden%2C+Netherlands%2C+11+May+1945.+&ecopy=a151925-v6&back_url=()
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MessageSujet: Correspondance d'un lieutenant canadien WW2...re:Madame Elspeth Russell   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptyJeu 10 Jan 2013 - 20:11

Bonjour CWAC

Je m'intéresse depuis peu à Madame Elspeth Russell et je vois que dans le lot de lettres, très intéressant en passant, que vous avez acquisse le lieutenant canadiens entretient une certaine correspondance avec elle. Je me demandais si c'était possible pour vous de m'en dire plus. si cette correspondance a été de longue durée, de quoi on y parlait, de quelle période à quelle période enfin tout ce que vous pouvez m'en dire. Et j'ose vous demandez si c'était possible de me faire une copie de cette ou ces lettres. je vous remercie à l'avance.
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MessageSujet: Re: Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2   Correspondance d'un Lieutenant canadien WW2 EmptySam 12 Jan 2013 - 16:29

Bonjour,

Dommage, je n'ai aucune lettre de Madame Elspeth Russell. J'aurais bien aimé cependant....
Madame Elspeth Russell ne semble être une amie très proche du lieutenant, mais une bonne connaissance car elle est de la même région.

Dans ses lettres au début le lieutenant fait 2 ou 3 fois mention de l'envoi de sa part de lettres à Madame Elspeth Russell. Il ne fait pas mention de réponse de sa part.

J'ai les lettres du lieutenant envoyées à sa femme + une dizaine de d'autre personnes qui ont écrit à la femme du lieutenant. Et une seule de l'épouse du lieutenant envoyée en Europe.

En 1990-1995, ma belle mère était dans une maison de retraite, près de son appartement il y avait une vétérante de l'avion canadienne. C'est ma belle soeur qui lui a parlé (elle était plus au courant que moi sur le sujet à l'époque). Je lui demanderai si c'était à Mme Russell qu'elle a parlé. Le seule chose que je sais de cette conversation c'est que cette dame avait cotoyé Amelia EARHART. Un club restreint que celui des femmes pilote et il est dommage que nos historiens se soit peu intéressés au sujet et de consigner leur vécu avant leur disparition.

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