Pique de fortune

Bonjour,

Étant toujours aux aguets sur les piques (un thème qui a peu d'adeptes), je suis tombé sur ce fer qui sort de l'ordinaire:





Il s'agit d'une lame de dague, avec sa soie, qui a été soudée à la forge sur une douille pour l’emmancher à une hampe et ainsi en faire une pique. On ne peut que se questionner sur le contexte qui a ainsi poussé à travailler sur l'enclume une dague pour en faire une pique...


D'un côté on voit bien la soie de la lame de dague, soudée par chauffe et martelage à la douille:


De l'autre côté on voit comment le métal de la douille vient "semeler" le talon de la lame:


La lame d'origine semble entière, elle fait 360mm de long pour 35mm au plus large. Elle est à simple tranchant et dos plat. Le dos comporte d'ailleurs une petite brèche, une entaille. Le talon est poinçonné. Il me semble lire "CLAUDE MARTIN" sous une fleur de lys couronnée. Il me semble qu'on retrouve la famille Martin dans la fabrication de baïonnettes à douilles pré-réglementaires fin XVIIe / début XVIIIe siècle. Je n'ai toutefois pas encore d'autres exemples de production de ce Claude Martin:



Le contexte de la fabrication de ce genre de pique de fortune interroge: chasse (mais l'absence d’arrêtoir pose question) ? Milice ou garde locale ? Révolte ? Révolution ?

Vos avis sur cette pièce m'intéressent.

Bien cordialement.

Bonjour Cathelineau,
très singulière( donc intéressante) pièce..
Il va être difficile d'en déterminer l'origine mais je m'interroge sur l'usage possible.
J'exclue la chasse, je pense que cela ne résisterait pas bien au choc avec un gros animal , l'absence d'arrêtoirs est effectivement un autre argument.
Arme de fortune de fabrication toute personnelle ? épieu à loup pour un berger ?

Bonjour,

Je ne sais pas s'il y eut des épieux faits par les bergers pour se garder des loups, mais c'est aussi une possibilité en effet.



En tout cas on imagine bien des civils, ou une troupe irrégulière, cherchant à créer une arme pour tenir l'ennemi ou l'animal à distance.

Amicalement.

Les bergers et paysans utilisaient communément des fourches à loup mais je suppose que les épieux artisanaux devaient aussi faire partie de l'arsenal anti-lupin...

Je vois que je n'ai pas vraiment photographié l'ébréchure sur la lame, je corrige cela tant que la luminosité le permet:





On a l'impression que le dos de la lame a dû encaisser un coup de taille cherchant à l'écarter.

Amicalement.

Bonjour,
ou simplement une paille de forge?
J'ai un peu la même, mais qui semble avoir été forgée plus récemment.
La lame est contre coudée dans l'axe du bois, et n'a aucun poinçon.
Je n'ai jamais su ce que c'était, épaisse et assez lourde...
Cordialement,
CG

Bonsoir Crevette,

Je me disais qu'une paille de forge aurait pu être rattrapée un peu par quelques coups de marteaux sur la tête. Quand la lame est repassée sur l'enclume pour devenir une pique c'était l'occasion...
Mais oui, c'est aussi une option.

Là par contre elle est fine, et relativement légère comparée aux d'autres piques (révolutionnaires notamment): 334g.

Amicalement.

Bonsoir,

Très intéressant comme objet ! Ne pourrait-il pas justement s'agir d'une baïonnette à douille type pré-règlementaire qui aurait été retravaillée ?

Bien à vous,

Alexandre.

Bonsoir,

J'y aussi pensé, mais la soie semble d'origine sur la lame. Peut-être plus alors une baïonnette-bouchon qu'une baïonnette à douille pré-règlementaire. Toutefois quand il n'y a que la lame, difficile de différencier celle d'une dague de celle d'une baïonnette-bouchon. Mais c'est aussi une possibilité quand on sait que la famille Martin œuvra dans les baïonnettes.

Amicalement.

Dans le domaine du bizarre:

Avec un double croc sur le dos de la lame, on dirait de la fabrication pas trop ancienne...
Récemment clouée sur une hampe avec de vieux clous forgés.


Moyennement longue, fabrication ancienne avec deux longues attelles...


Très courte et très usée, fabrication ancienne...

Ca décore au milieu des hallebardes, piques et autres armes d'hast, je ne cherche même plus à savoir ce que c'était et de quand ça date

Il n'est pas inenvisageable que la seconde soit révolutionnaire.
Certaines sont loin du règlement de 1792 et seul le marquage nous permet de les authentifier comme révolutionnaire. Voir par exemple celle que j'ai posté hier: https://www.passionmilitaria.com/t78305p120-les-piques-revolutionnaires#2054093
Toutes les non réglementaires non marquées sont hélas vouées à entretenir le doute...

Bonsoir,
c'est une pièce des plus intéressante ; effectivement je pense qu'a l'origine il puisse s'agir d'une lame de baïonnette bouchon. belle trouvaille !

Bonjour,

C'est une hypothèse qui me semble de plus en plus probable en effet. Forme & longueur correspondrait assez bien.
Mais as-tu déjà croisé ce fabricant ?

C'est quand même assez ironique, quand on sait que la baïonnette permit progressivement de s’émanciper du piquier, de voir une baïo devenir pique...

Amicalement.

Bonjour,
non, je n'ai pas ça dans mes exemplaires...
Martin Michel, oui, mais c'est un prénom.