Sur les traces des Vaudois du Lubéron

Bonjour,

Je saisis l’occasion d’ une petite balade ce jour sur les sentiers ensoleillés du Luberon, juste au dessus du village de Mérindol, pour évoquer (très schématiquement) un épisode historique tragique auquel cette montagne notamment, a servi de décor au milieu du 16ème siècle. A cette époque, Mérindol peux être considéré comme la capitale régionale des Vaudois et par le fait, deviendra un haut lieu de la répression et des massacres perpétrés contre eux.

A l’instar du catharisme dont il est contemporain, le mouvement vaudois, apparu au 12ème siècle, concerne des chrétiens qui ne se reconnaissant pas (ou plus) dans le fonctionnement de l’église catholique officielle de leur époque, s’éloignent de celle-ci pour pratiquer leur foi selon leurs propres principes.

A l’origine de ce mouvement, vers 1170, Pierre Valdo (ou Vaudès), riche marchand lyonnais, décide d’abandonner ses richesses et de vivre en suivant l’exemple des apôtres. Volontairement pauvres, Valdo et quelques disciples prêchent le retour à la vie simple du christianisme. Ils deviennent les « pauvres de Lyon ».



Rapidement, les Vaudois se séparent de l’église catholique dont ils critiquent le fonctionnement et rejettent les idées religieuses allant jusqu’à remettre en cause l’utilité du clergé.
Une telle attitude dissidente ne pouvait avoir qu’un seul type de réponse de la part de l’église « officielle » qui se sentant menacée, réagit brutalement sous couvert d’une croisade contre l’hérésie, dont le but avoué est d’éradiquer le mouvement Vaudois.

En 1184, le concile de Vérone les excommunie. En 1215, le concile de Latran IV les condamne comme hérétiques. De ce fait, ils sont pourchassés par l’Inquisition.
En 1487/88, après le massacre des Vaudois notamment dans le Briançonnais, une partie des rescapés (environ 6000), émigrent vers le Luberon où ils s’établissent dans plusieurs villages. Ils y sont accueillis par les seigneurs du lieu qui y voient le moyen de repeupler leurs territoires et de les redynamiser.

En 1532, une grande partie des Vaudois adhèrent à la réforme protestante.

En 1545, les troupes catholiques, sur décision du parlement d’Aix en Provence, et sous le double patronage du pape Paul III et du roi François 1er, détruisent les villages vaudois du Luberon et massacrent en grande partie leurs habitants. Un des chefs de cette "croisade" est un seigneur local, Maynier d'Oppèdes particulièrement féroce et dont les motivations réelles sont celles de ses intérêts personnels.

Cet épisode sanglant dans son ampleur, préfigure les futurs massacres qui auront lieu quelques années plus tard lors des guerres de religion.







Le mouvement Vaudois bien que marginal, existe toujours notamment en Italie

Il est évident que l’histoire des Vaudois et de leur destin est bien plus complexe que ne le laisse supposer cette évocation très sommaire. De plus, elle est passionnante et comme toute tragédie humaine, empreinte d’émotion.


Le mémorial vaudois de Mérindol
Il consiste pour l’essentiel en un musée (la Muse), ancienne bergerie, qui outre les panneaux explicatifs contient une bibliothèque sur le thème. D’autres panneaux sont placés à l’extérieur et enfin il est intéressant de grimper jusqu’aux ruines du vieux château en traversant en partie le vieux village, ruiné également.




Ce qui reste du château dans son environnement grandiose









J'espère que cette rapide évocation d'un pan noir de notre histoire vous aura intéressé. Cordialement

Bonjour cher Aubrac, et merci pour cette intéressante chronique, richement illustrée !


Mais dis moi : "ce jour sur les sentiers ensoleillés du Luberon", as-tu réussi à survivre ? Il devait faire au moins 30 degrés à l'ombre, si ce n'est plus ?

Bonjour Marne.....et tous bien sûr!

La vérité m'oblige à reconnaitre que balader en été dans la "brousse", dans notre région, devient compliqué. Les massifs forestiers étant interdits d'accès par arrêtés préfectoraux à cause des risques d'incendie, il est toléré ( quelquefois) de les parcourir le matin. Cela tombe bien car pour une balade de 3 ou 4 heures commencée tôt à la fraiche, les derniers kilomètres vers 11 heures/ 11h 30 s'effectuent très souvent sous un cagnard digne de Biribi....Bon, enfin, peut-être pas mais on bronze, c'est sûr! C'est sans doute pour cette raison qu'on ne croise quasiment personne sur ces chemins de grand soleil où l'ombre est aussi rare qu'une oasis dans le désert. Mais quel pied de parcourir cette montagne sans rencontrer personne. Un des derniers vrais luxes sur terre....échapper à la promiscuité. Tant pis s'il faut le payer avec un peu de sueur et puis on perd un peu de gras, c'est toujours ça de gagné. Amicalement